L'incident s'est produit dans un pays étranger à l'heure d'été qui voit défiler chez eux des touristes du monde entier.
Mon mécanicien était en train de changer mes plaquettes de frein, peut-être parce que je ne suis pas du genre à lever le pied. Ou je freine ou j'accélère avec beaucoup de détermination.
Quand une femme en deux pièces d'un rouge navrant, avec une serviette plutôt que la tête sur les épaules, traversa la route en secouant les hanches, avec ce qui ressemble à un pas de danse.
J'ai vu rougir puis frémir mon mécanicien et la sueur noire qui coulait sur son front me sembla froide... il a levé les yeux au ciel et a murmuré en langage parlé quelques jurons dont seul un mâle a le secret.
Je l'ai interrogé des yeux, parce que je ne suis pas non plus du genre à ne pas voler au secours d'une personne en danger.
Voyez-vous ma petite dame me déclara t-il sans accent tonique : je hais les touristes et le tourisme. Pour quelques dollars de plus, ils nous harcèlent même dans la rue en exhibant leurs fesses à nous autres chiens tenus en laisse. C'est vil en pleine ville. Ce n'est pas seulement une méchante atteinte aux bonnes mœurs, c'est bien pire, c'est l'empire des sens, le comble de l'indécence... c'est comme vos plaquettes, nous sommes nous aussi tellement usés ou abusés que rien ne pourra plus nous arrêter. On défoncera toutes ces limaces qui menacent nos libertés.
Pudeur bon sang pudeur !
Et pourquoi vous n'imposez pas le voile dans votre pays à toutes les passantes du sans souci ? Lui dis-je avec une pointe d'indiscrétion
Parce que mon pays n'est plus mon pays. Vous l'avez racheté avec vos valeurs de pacotille...
Je me suis contentée de lui dire : Merci.