30 novembre 2013. Un colloque consacré à Charles Monnard a lieu au Théâtre du Lapin Vert à Lausanne. Il est organisé par le Cercle démocratique Lausanne, l'Institut libéral, le Cercle littéraire et la Société de Belles-Lettres.
26 mai 2016. Au Cercle littéraire a lieu le vernissage des actes de ce colloque. Ce livre, bénéficiant d'une riche iconographie, est précieux: il représente la mémoire de ce qui s'est dit près de trois ans plus tôt et il est également le n°143 de la Bibliothèque historique vaudoise.
En début de volume, se trouvent une préface de Pascal Petter, président du Cercle démocratique Lausanne, un texte de Pierre Bessard, directeur de l'Institut libéral, sur La signification contemporaine de Charles Monnard, et un texte d'Olivier Meuwly, directeur de la publication, sur l'homme Charles Monnard et sa pensée, à redécouvrir.
Huit auteurs ont contribué au colloque:
- Bernard Reymond: Charles Monnard et le protestantisme de son temps
- Roger Francillon: Charles Monnard et Alexandre Vinet
- David Auberson: Charles Monnard et Juste Olivier
- Michael Lauener: Le Canton de Vaud de Charles Monnard sous l'oeil d'un conservateur bernois (Jeremias Gotthelf)
- Olivier Meuwly: Le libéralisme moral de Charles Monnard
- Marie-Thérèse Guignard: Charles Monnard et la liberté de la presse
- William Yoakim: Charles Monnard et Henri Druey
- Nicolas Gex: Charles Monnard, historien de la Confédération helvétique
Ces huit contributions dessinent le portrait et la pensée de Charles Monnard, en le situant dans le contexte de son temps, en reprenant ses écrits, en reconstituant ses relations éclairantes avec ses amis, tels que Vinet et Olivier, ou avec ses adversaires tel que le radical Druey.
Charles Monnard est un libéral atypique, comme le sous-titre le dit, si l'on considère son existence: il a été théologien, pasteur, philosophe, journaliste, professeur de littérature, critique littéraire, historien, homme politique local et national.
Charles Monnard est un libéral typique, si l'on considère sa pensée. Car il est foncièrement libéral, quoi qu'il arrive, et tout en nuances, choisissant toujours la réforme contre la révolution, restant calme et serein dans les vicissitudes:
- Protestant, il n'est pas au sens strict pour la séparation de l'Eglise et de l'Etat, mais il est pour la liberté religieuse et la liberté des cultes, et, selon lui, l'Eglise doit être associée à l'Etat mais ne pas en être esclave.
- Philosophe, il s'oppose à son adversaire l'hégélien Druey, qui ne croit pas à la liberté de l'individu isolé: il ne lie pas comme lui la liberté à la communauté qui constitue un Etat.
- Journaliste, il est pour la liberté de la presse: La liberté de penser et de dire des bêtises est encore une de celles que je défendrai constamment.
- Historien, il a le souci de la vérité, comme tout historien digne de ce nom doit lui être dévoué, avant même de l'être à son pays. Sa vision de l'histoire helvétique? La liberté est le principe majeur de la Suisse et le lien fédéral en est l'expression privilégiée.
- Homme politique, il est pour la publicité des séances du Grand Conseil vaudois ou de la Diète fédérale: c'est pour lui un principe de philosophie politique et d'éducation civique.
Ce qui peut résumer son libéralisme (qui n'est pas utilitarisme), mieux que tout autre citation, c'est peut-être ce qu'il dit du rapport entre le droit et le devoir:
Le premier et le plus noble droit de l'homme, c'est le droit de remplir son devoir.
Qu'est-ce que le devoir, sinon une contrainte librement acceptée par la raison? Qu'est-ce que le droit, sinon la liberté de chacun limitée par la liberté de tous? Autrement dit, devoir et droit sont alliés comme le sont responsabilité et liberté. Ce qui est typiquement libéral.
Francis Richard
Charles Monnard 1790-1865 Un libéral atypique, sous la direction d'Olivier Meuwly, Bibliothèque historique vaudoise