Hormis la Lune et les planètes qui tous se déplacent par rapport aux étoiles lointaines, et outre les étoiles filantes (des micrométéorites) qui pleuvent de-ci de-là, de la fin juillet jusqu’à la mi-août — les célèbres Perséides —, le ciel d’été est rempli de nombreux objets qui font toujours le bonheur des observateurs curieux, débutants ou des astronomes amateurs aguerris. Voici quelques-uns des plus remarquables, à admirer, comme il se doit, depuis un site où la pollution lumineuse est la plus faible possible.
Avant de commencer, veuillez noter que pouvez retrouver la position de ces objets cités ci-dessous grâce aux cartes du ciel sur Internet (notamment Google Sky), avec le logiciel gratuit Stellarium, ou via des applications dédiées pour smartphones et tablettes (voir notre sélection de l’été 2015).
Surpopulation stellaire : deux amas globulaires
Vue d’ensemble du grand amas d’Hercule (M 13). Edmond Halley a déclaré à son sujet « qu’il se montre à l’œil nu, lorsque le ciel est serein et la Lune absente ». Aujourd’hui, pour le voir dans ces conditions, nous devons fuir la pollution lumineuse — Crédit : Martin Pugh
En début de nuit, l’été, l’un des premiers objets auquel on songe appartient au fameux catalogue de Messier : M 13 (Messier 13 ou NGC 6205). Il est aussi surnommé le Grand amas d’Hercule car présent dans cette constellation accrochée très haut dans le ciel. De la sélection, ce n’est pas le plus proche de tous : quelque 25.000 années-lumière nous en séparent. Large d’environ 135 années-lumière, M 13 est un des 150 amas globulaires connus qui gravite autour de notre Galaxie. Ce regroupement d’étoiles très dense est très apprécié pour son aspect granulaire et tentaculaire. La plupart de ses étoiles (plus de 500.000 ; environ un million pour certains) ont le double de l’âge du Soleil. Même s’il est quasiment indicible à l’œil nu dans nos contrées, c’est un objet relativement lumineux. Pour l’anecdote, un message a été envoyé dans sa direction en 1974 depuis la grande antenne d’Arecibo. Il devrait arriver dans un tout petit moins de 25.000 ans…
Autre remarquable concentration de vieilles étoiles : Messier 22 (M 22, NGC 6656). C’est l’un des plus beaux et le troisième plus lumineux après Omega Centauri et 47 Tucanae qui, eux, sont visibles dans le ciel austral. Situé à environ 10.400 années-lumière, dans le Sagittaire, il est un des plus proche de nous.
Des grappes de jeunes étoiles : les amas ouverts
Les amas ouverts concentrent, quant à eux, de jeunes étoiles. L’un des plus beaux exemples — visible qui plus est sans instruments — est celui des Pléiades (M 45). On ne peut pas le manquer dans le ciel d’hiver mais en été, on ne peut le voir émerger de l’horizon nord-est qu’en deuxième partie de nuit, après le lever de Persée.
Dans cette dernière constellation, on peut admirer avec une paire de jumelles, ce qui est surnommé le « double amas de Persée » (NGC 884 et NGC 869 ou h et χ Persei). Ces deux essaims, distants d’environ 7.500 années-lumière, sont visibles dans la Voie lactée, entre le héros mythologique et sa belle-mère Cassiopée.
L’amas ouvert M 7 ou amas de Ptolémée, visible dans le Scorpion, en direction du centre de la Voie lactée — Crédit : Roberto Colombari
Autres amas remarquables : Messier 11 (M 11 ou NGC 6705) et Messier 7 (M 7). Le premier, surnommé « l’amas du Canard Sauvage », est visible dans un instrument au sein de la petite constellation de l’Écu de Sobieski. C’est l’un des plus denses de sa catégorie. Près de 3.000 étoiles, âgées tout au plus de 250 millions d’années, y sont regroupées, à quelque 6.000 années-lumière de nous.
Le second est surnommé l’amas de Ptolémée après que l’astronome, astrologue et géographe grec ait parlé d’« un petit nuage qui suit le dard du Scorpion ». Car oui cette grappe d’une centaine d’étoiles, discernable à l’œil nu, est situé à l’extrémité de cette constellation emblématique du ciel d’été, à environ 980 années-lumière.
Des matrices d’étoiles : les nébuleuses
Les fleurs du Sagittaire : en haut à gauche, la nébuleuse de la Lagune (M 8), à droite, NGC 6559, et en bas, la nébuleuse Trifide (M 20) en bas — Crédit : Andrew Campbell
C’est principalement tout le long de la Voie lactée que l’on peut observer avec un instrument de petites et délicates taches laiteuses appelées nébuleuses. Ces nuages sont des forges d’étoiles. Celles que l’on peut distinguer sont les plus actives, telle Messier 20 (M 20 ou NGC 6514), surnommée Trifide, et Messier 8 (M 8 ou NGC 6523) également désignée nébuleuse de la Lagune (accompagné d’un amas ouvert), toutes les deux sont dans le Sagittaire, en direction donc du centre de notre Galaxie.
Des étoiles qui expirent : deux nébuleuses planétaires
Autres nébulosités à ne pas rater dans le ciel d’été : les nébuleuses planétaires. Elles n’ont rien à voir directement avec les planètes et s’apparentent en réalité au déclin d’étoiles comme le Soleil. On peut observer notamment les deux plus célèbres : Messier 57 (M 57 ou NGC 6720) et Messier 27 (M 27 ou NGC 6853).
Le surnom de la première est l’anneau de la Lyre de par sa forme et sa position entre deux étoiles du parallélépipède de cette constellation dominée par Véga (une des « Trois belles de l’été »). Distant de 1.400 années-lumière, le nuage qui enveloppe la naine blanche au centre aurait commencé son expansion il y a entre 6.000 et 8.000 ans.
La nébuleuse planétaire Dumbbell (M 27). Au centre du nuage le plus dense en forme de trognon de pomme, la naine blanche — Crédit : Joe & Gail Metcalf, Adam Block, NOAO, AURA, NSF
La seconde a plusieurs surnoms à cause de sa silhouette évasée (des extensions sont moins visibles) : nébuleuse des haltères (Dumbbell, en anglais), le diabolo ou le Trognon de pomme. Le nuage formé par son étoile centrale aurait commencé à s’étendre il y a 3 à 4.000 ans. M 27 se situe à environ 860 années-lumière dans le Petit Renard.
Des étoiles remarquables : solitaires ou doubles
Parmi les plus brillantes, citons celles qui composent le « Triangle d’été », appelées aussi les « trois belles d’été » : Véga (Lyre), Deneb (Cygne) et Altaïr (Aigle). Plus à l’ouest, Arcturus (Bouvier). Et vers le sud : la rouge Antarès (Scorpion).
A 380 années-lumière de la Terre, l’étoile double Alibero, la tête du Cygne. Les deux étoiles de couleurs (donc de températures) différentes seraient séparées de 40 unités astronomiques (40 fois la distance entre la Terre et le Soleil) — Crédit : Richard Yandrick
En apparence toute seule, l’étoile qui marque la tête du Cygne, Albireo, est double (à voir dans un instrument). Une rouge-orangé et une autre, bleutée. Autre cas remarquable : Izar, la deuxième étoile la plus brillante du Bouvier. Elles apparaissent jaune-orangé et bleue.