Amnesty International dénonce la recrudescence des disparitions forcées en Egypte

Publié le 13 juillet 2016 par Enjeux.info @enjeuxinfo

Par Thomas Haeflin - 13/07/2016 | 12:14

Amnesty International a publié ce mercredi, un rapport accablant pour le pouvoir égyptien, dans lequel l'ONG dénonce la multiplication des cas de tortures, des enlèvements et des disparitions forcées dans le pays, des accusations que Le Caire rejette en bloc, en reconnaissant néanmoins l'existence de cas isolés.

"Les disparitions forcées sont devenues un des instruments clés de la politique d'Etat en Egypte. Toute personne qui ose exprimer des critiques est en danger", regrette Amnesty, qui constate dans son rapport, une multiplication des disparitions depuis la nomination, en qualité de ministre de l'Intérieur, de Magdi Hamid Abdel Ghaffar, ancien membre du SSI, la police secrète sous l'ex-chef d'Etat Hosni Moubarak.

Selon les estimations de cette ONG internationale de défense des droits humains, 3 à 4 enlèvements sont recensé chaque jour dans le pays, généralement lors des descentes chez les personnes visées par le NSA, le service de police secrète qui a remplacé le SSI.

Amnesty international a mentionné 17 cas dans son rapport, parmi lesquelles cinq concernent des mineurs. Dans ce dernier lot figure le cas d'un adolescent de 14 ans qui a été "violé à plusieurs reprises avec un bâton, afin qu'il fasse de faux aveux".

L'organisation de la société civile a également évoqué "la collusion" entre les forces de l'ordre et les autorités judiciaires, "disposées à mentir pour couvrir leurs agissements ou s'abstiennent d'enquêter sur les allégations de torture".

Le directeur d'Amnesty International pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, Philip Luther, a appelé à ce titre, tous les Etats, en particulier les Etats membres de l'Union européenne et les Etats-Unis, d'"utiliser leur influence et faire pression sur l'Egypte pour qu'elle mette fin à ces violations".

Dans son rapport, Amnesty International recommande enfin au président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi de mettre urgemment en place une commission chargée de mener une enquête sur ces violences et l'habiliter à auditer "sans interférence" toutes les institutions gouvernementales, dont les institutions militaires.