MONDE > Royaume-Uni : Theresa May s'installe au 10, Downing Street

Publié le 13 juillet 2016 par Fab @fabrice_gil
Theresa May devient la deuxième Première ministre de l'histoire du Royaume-Uni et aura besoin de toute la pugnacité qu'on lui prête pour mener à bien une tâche colossale : mettre en oeuvre un Brexit qui aura conduit David Cameron à sa perte.

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La nouvelle dirigeante du parti conservateur britannique, Theresa May, le 12 juillet 2016 à Londres I AFP


La ministre de l'Intérieur du gouvernement conservateur sortant, âgée de 59 ans, a pris possession du 10 Downing Street moins de trois semaines après le vote des Britanniques pour sortir de l'Union européenne. David Cameron, de dix ans son cadet, présentera sa démission en fin d'après-midi à la reine Elizabeth II. Une dernière séance de questions devant le Parlement de Westminster a eu lieu à 11H00 GMT, en fin de matinée. Mme May se rendra ensuite à son tour auprès de la souveraine et se verra confier le soin de former le nouveau gouvernement que la presse britannique voit déjà beaucoup plus féminin que le précédent, assorti d'un ministre tout spécialement chargé… du Brexit. Elle deviendra alors la deuxième femme à prendre les rênes d'un exécutif britannique après Margaret Thatcher (1979-1990), à qui certains la comparent parfois. Réputée pour sa détermination, sa force de travail mais aussi une froideur certaine, Theresa May, fille de pasteur, hérite d'un Royaume-Uni que le référendum a laissé sens dessus dessous. "Elle prend ses fonctions à un moment qui aurait posé des problèmes même à Churchill", note le quotidien The Guardian pour souligner l'ampleur de la tâche qui l'attend, entre turbulences économiques et pression des dirigeants de l'UE pour que le Royaume-Uni engage au plus vite la procédure de divorce.David Cameron, la vie d'après"Brexit signifie Brexit et nous en ferons un succès", a assuré Mme May en début de semaine, ne laissant guère d'espoirs à ceux qui rêvent de voir leur pays rester malgré tout dans le giron européen. Cette eurosceptique, qui avait rejoint le camp du maintien dans l'UE durant la campagne référendaire, avait auparavant prévenu qu'elle ne comptait pas activer l'article 50 du Traité de Lisbonne -qui lance le processus de sortie de l'UE- avant la fin de l'année. Impatients de voir l'exécutif britannique clarifier ses intentions, les dirigeants européens n'ont pas attendu sa prise de fonctions pour présenter leurs doléances. "Plus tôt commenceront les négociations, mieux ce sera pour tout le monde", a déclaré mardi le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault. Pour les habitants de son fief de Maidenhead (ouest de Londres), elle est en tout cas la personne idoine pour mener cette délicate entreprise. "Elle est très déterminée et va tout faire pour obtenir le meilleur accord pour notre pays", a déclaré une femme au foyer. Les premiers jours de la nouvelle Première ministre, désignée après l'abandon surprise, lundi, de sa concurrente Andrea Leadsom, devraient également être scrutés de près par les marchés, en quête de certitudes après le choc du référendum. "La livre s'est reprise de plus de 4% par rapport à ses plus bas en 31 ans", atteints la semaine dernière, "alors que les marchés célébraient le fait que Theresa May va devenir le nouveau Premier ministre", commentait Hussein Sayed, analyste chez FXTM. 
Pour David Cameron, qui avait prôné le maintien dans l'UE, c'est une nouvelle vie qui commence, avec comme ombre un référendum qu'il a lui-même lancé, mais dont le résultat a été l'inverse de celui qu'il souhaitait. Le dirigeant conservateur a remporté deux élections législatives (2010 et 2015), survécu au référendum d'indépendance de l'Ecosse... mais restera pour l'Histoire le Premier ministre du Brexit. La presse britannique estimait qu'il devrait probablement utiliser la séance de questions au Parlement pour vanter son action, entre réussites économiques -au prix d'un accroissement des inégalités selon ses détracteurs- et sociétales, avec la légalisation du mariage homosexuel. "Au moment où je pars, j'espère que tout un chacun verra un pays plus fort" (Telegraph, ce jour). JB-M