Victimes d’attentats : la double peine de la bureaucratie

Publié le 13 juillet 2016 par H16

Il ne faisait pas forcément bon prendre un pot en terrasse, ce soir du 13 novembre 2015, surtout à Paris, dans le 11ème arrondissement, et surtout dans cet État français devenu obèse, de plus en plus rongé par le socialisme, la bureaucratie tatillonne et les histoires kafkaïennes. Ce soir-là, au bar de « la Belle Équipe », Djamel C. aura subi la double peine : celle d’être victime de terroristes et celle d’être victime de l’État dans ce qu’il a de plus froid.

Grièvement blessé de quatre balles, deux dans la cuisse gauche, une dans le bras gauche – aujourd’hui paralysé – et une dernière dans la jambe droite, Djamel C., un entrepreneur de 36 ans, en sera finalement amputé. Sur le plan médical, son calvaire commençait auquel s’ajoutera bien vite celui, tout à fait inique, imposé par l’État qui lui refuse le statut d’invalide.

Compte-tenu de ses blessures et de la perte de son autonomie, il avait naturellement entamé des démarches pour obtenir une carte d’invalidité et le statut de travailleur handicapé qui facilite l’accès à l’emploi. Normalement, l’obtention de cette carte nécessite de remplir (je vous le donne en mille) deux cerfas, le 13788*01 et le n°13878*01, auxquels il faut joindre une photocopie de pièce d’identité, un justificatif de domicile (parce que les SDF n’ont pas le droit d’être invalides, apparemment) et une photographie d’identité qui sera jointe à la carte demandée.

Apparemment, l’administration juge aussi nécessaire d’avoir un « projet de vie » sur papier libre décrivant les attentes, les besoins ou les aspirations du demandeur, parce qu’une carte d’invalidité impose non pas d’être invalide, mais – probablement ? – d’être motivé. C’est indubitablement indispensable et parfaitement logique de réclamer une petite rédaction pour justifier l’accès à un élément administratif qui devrait être délivré en fonction de critères objectifs (l’invalidité de la personne) et non de critères moraux ou parfaitement subjectifs : s’il n’est pas donné la possibilité à une administration d’exercer un minimum de pression idiote sur les individus, à quoi diable sert le pouvoir ?

Heureusement, rassurez-vous : ce n’est pas à cause d’une rédaction mal rédigée que Djamel C. verra sa demande refusée par deux fois, mais simplement parce qu’il ne rentrait pas dans les bonnes cases ni les bons critères. Monsieur n’étant pas invalide à au moins 80%, il n’aura pas le droit à sa précieuse carte.

Pour rappel, une telle carte permet de révoquer le président de la République ad nutum, de violer le Premier ministre sur une table basse, de toucher le premier gain au loto trois fois de suite et … Ah on me fait savoir que non, en fait, cette carte permet seulement la priorité d’accès aux places assises dans les transports en commun et des places spécifiques dans les salles d’attentes ou les lieux accueillant du public, ainsi qu’une priorité dans les files d’attente. On comprend que, devant un tel passe-droit, la Commission de la Maison départementale des personnes handicapées (CMDPH) soit particulièrement réticente à distribuer le précieux carton, tant les abus pourraient aboutir à des drames évidents, et qu’elle se montre nécessairement pointilleuse sur les critères d’attribution. Dura lex sed lex et « t’es pas dans les critères alors merci au revoir ».

Devant ce double refus, Djamel aura fini par interpeller l’administration (in)compétente, puis, devant le succès flamboyant de la manœuvre, les médias, puis, devant l’évolution extrêmement favorable de son dossier, aura opté pour une petite grève de la faim parce qu’entre deux séances de rééducation, mettre sa santé en danger lui semblait le plus apte à permettre l’obtention de cette véritable clé de trésors innombrables et de privilèges ahurissants.

Au bout du compte, la nouvelle commençant à faire de la mousse dans les médias et quelques réseaux sociaux, la secrétaire d’État chargée de l’Aide aux victimes est finalement sortie de sa léthargie pour venir en aide au futur invalide qui, youpi, aura obtenu gain de cause. Le lundi 4 juillet, en fin de journée, Djamel C. a reçu sa carte. Elle sera valable cinq ans (des fois que sa jambe repousse et qu’il redevienne valide subitement, je présume).

Ah, décidément, il ne fait pas bon tomber sous les balles de terroristes en France, où l’État semble bien plus prompt à faire respecter tous les petits alinéas de tous les petits décrets et circulaires que l’administration produit sans arrêt plutôt que l’ordre et la justice que les citoyens réclament pourtant de façon véhémente.

Qu’il est beau, cet État magnifiquement étanche aux tracas quotidiens de ces petites créatures misérables qui le font vivre ! Qu’il est grand, cet État qui se repaît de cette solidarité forcée sur tous et qui n’en distribue qu’au compte-gouttes et exclusivement à ceux qui ont leurs entrées dans les ministères ! Oublions bien vite l’inhumanité froide du traitement de ces victimes d’attentat qui, malgré un ministère dédié entièrement à leurs cas, pataugent dans les formulaires et les réponses glaçantes d’un système maintenant largement détaché de ses missions de base, aider le citoyen. Oublions ces politiciens, la bouche remplie de solidarité et de fraternité qu’ils ne sont capables de créer nulle part. Oublions ces dérives administratives qui écrabouillent consciencieusement les plus faibles, quitte à les pousser au suicide, sous couvert de redistribution, de solidarité ou d’aide aux défavorisés.

Oublions bien vite ces désagréments, ils pourraient nous rappeler d’autres pays où la collectivisation galopante de toute la société a mené, inexorablement, au désastre. Oublions la bureaucrativite fulgurante qui a durablement retiré toute relation humaine des équations qu’il faut résoudre pour savoir si untel peut recevoir le petit privilège ou la petite carotte que l’État octroie aux miséreux que son système a créé.

Oublions tout cela, on risquerait de se rendre compte que c’est cette collectivisation qui entraîne, tous les jours, un service de plus en plus pourri pour des frais toujours plus grand. C’est ce collectivisme, cette socialisation à outrance, cette normalisation tous azimuts, ces millions de cerfas sclérosants qui produisent une administration tous les jours plus froide et plus inhumaine, incapable de gérer les têtes qui dépassent et les cas exceptionnels.

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