Je me dois de l'admettre.
À peu près partout.
Mentalement principalement.
Et pas toujours avec la plus grande maturité, j'ai abandonné.
Rendu les armes.
Baissé les bras.
Presque tout le temps parce que le sentiment d'être un imposteur devenait étouffant.
Encore cette semaine, lundi matin, j'offrais ma démission à mes employeurs de l'entrepôt. Ils l'ont reçue avec stupéfaction et déception. Mais si je leur nommais toutes mes déceptions, on en parlerait encore aujourd'hui à 15h29.
Non c'est pas vrai. Ils n'ont pas fait cette promesse, mais on m'a confirmé que mes patrons ne faisaient jamais de références à quiconque. Ils se contentent de confirmer qu'on a bien travaillé pour eux et pour combien de temps et c'est tout. Ce qui confirme que vous n'avez aucune valeur humaine pour eux.
"...oui, mais non, faudrait pas...faudrait pas que ce soit moi, ce gars-là, c'est pas moi..."
"...qu'est-ce que tu es en train de me dire, Hunter?"
"Que je ne suis l'homme de la situation. Que je vous remets ma démission"
Ce qui était vrai. J'étais entré dans cette entreprise avec en tête un autre rôle, et comme partout dans ma vie, et depuis toujours, trouvant ma gueule, ma voix, mon vocabulaire sympathiques, on m'avait redirigé vers le service à la clientèle. Que j'ai toujours eu en horreur. Roi et maître du service à la clientèle.
Imposteur.
Imposteur, again.
J'étais alors retourné vers mes amours, vers moi, dans le monde du livre, de la musique et du cinéma.
Loin des clients.
Au sous-sol.
Le bonheur à bien y penser.
Peu payant, mais vous savez moi l'argent...
La santé mentale d'abord.
Puis j'avais quitté pour plus de cash...erreur.
Mais revenons à ma démission impulsive.
Cette démission, la seule vraie envoyée à un employeur qui ne s'y attendait pas, avait été spontanée, presque impulsive. Mais je ne l'ai jamais regretté.
Mais la lettre était très claire et plutôt honnête. On ne pouvait que comprendre mes arguments.
Ce qu'a fait un des grands boss, James Dye lui-même, consterné de me perdre, lundi matin, 4h22, AM.
(I didn't know he cared)
J'aurais dû me sentir libéré, mais le poids d'un avenir imprécis est venu maintenant se placer sur mes épaules. Ce lundi fou, je quittais le Vieux-Port pour le Vieux-Québec vers 15h00 avec trois ados dans mon auto. Nous sommes allés voir et entendre Selena Gomez sur les Plaines d'Abraham. Ce fût très agréable. Nous étions en très agréable compagnie, entre amis et les jeunes ont beaucoup aimé. Moi j'aurais troqué 4 changements de costume et quelques refrains chantés par elle et non par ses choristes contre de bons morceaux bien chantés, mais même ma chanson préférée de Gomez n'a pas été jouée proprement.
Mais sa qualité première (elle est très belle) a été confirmée.
Nous nous sommes couchés vers 1h du matin et mon téléphone a sonné à 5h08.
Le travail. J'ai pas répondu. Je n'étais pas supposé travailler.
Le message laissé était:
"Salut Hunter, il est 5h08, je voulais juste savoir à quelle heure tu rentrais"
Ostie!
J'avais lu mon horaire tout croche.
Comme j'avais démissionné la veille et pas avisé de mon absence du lendemain, ils ont dû penser que j'allais botcher ma fin chez eux, à ma guise.
Tellement pas moi, ça.
J'ai démissionné sur bien des choses, mais ne le ferai jamais sur la vie et ses Hommes.
Vendredi, on fait aussi Montréal-Québec pour le show Bryan Ferry/Duran Duran.
On se couchera aussi vers 1h du matin.
Je commence à 7 le lendemain matin, 273 kilomètres plus loin.
On verra bien.
Je suis une machine, moi aussi.
Mais comme il ne feront pas de références...
On verra bien.