Emmanuel Macron à la Mutualité, le 12 juillet 2016 à Paris I AFP
"A partir de ce soir, nous devons être ce que nous sommes, c'est-à-dire le mouvement de l'espoir", a déclaré Emmanuel Macron devant 3.000 militants et sympathisants de son mouvement En Marche! réunis à la Mutualité pour un premier grand meeting. Ce mouvement, "nous le porterons ensemble jusqu'à 2017 et jusqu'à la victoire", sans toutefois se déclarer officiellement candidat. Dans un discours d’1H20 environ prononcé devant un auditoire de 1.800 personnes (places assises) et de nombreux partisans restés à l'extérieur, le ministre de l'Economie a pris soin de "remercier" François Hollande de l'avoir nommé.Peut-on être ministre et présider de tels meetings ? "Il est temps que tout cela s'arrête", avait lâché hier après-midi le Premier ministre, qui s'était jusque-là gardé de critiquer aussi ouvertement son ministre de l'Economie de 38 ans, relançant les spéculations sur un éventuel départ d’Emmanuel Macron du gouvernement. "On en refera d'autres", a rétorqué M. Macron, un rien provocateur, au début de son meeting. S'il n'a pas cité une seule fois directement le Premier ministre, dont il a pris le contre-pied en se disant défavorable à l'interdiction du voile à l'université, Emmanuel Macron a semblé vouloir donner des signes d'apaisement envers François Hollande. "Le président de la République m'a fait confiance et je ne l'en remercierai jamais assez", a déclaré l'ancien poulain du chef de l'Etat, dont les ambitions présidentielles s'annoncent comme un nouvel obstacle pour un deuxième quinquennat Hollande. "Je ne veux pas d'une mode qui (...) consisterait à dire du mal du gouvernement ou du président de la République, ce n'est pas ma crèmerie !""Je suis de gauche"Emmanuel Macron a semble-t'il voulu accentuer sa tonalité sociale. Si le premier grand pilier de sa politique est de "libérer le pays", "on ne peut pas demander aux Françaises et aux Français de prendre des risques s'il n'y a pas de filets de sécurité, de solidarité, quelque chose qui nous fait avancer ensemble. C'est ça le deuxième pilier". "Je suis de gauche, c'est mon histoire, c'est ma famille", a assuré l’homme, qui a aussi déclenché une ovation debout en saluant Michel Rocard, décédé début juillet. Le meeting avait débuté dans une ambiance tendue aux abords de la salle : les participants avaient été accueillis par une centaine de manifestants contre la loi travail avec des jets d'œufs et de sifflets. "Les bourgeois, les banquiers, c'est par là", criait un manifestant en montrant l'entrée de La Mutualité, alors que des partisans du ministre, nombre d'entre eux, attendaient de pouvoir entrer. "On a beaucoup entendu qu'il était seul, que c'était une aventure solitaire, je pense que ce soir ça va être la démonstration du contraire", a souligné Benjamin Griveaux, ancien strauss-kahnien qui fait désormais partie de la première garde d'Emmanuel Macron.Etaient présents hier soir le maire de Lyon Gérard Collomb, le sénateur François Patriat, les députés Richard Ferrand, Arnaud Leroy, Stéphane Travert et Corinne Erhel, Christophe Castaner, tous socialistes. L'ex-ministre de Jacques Chirac Renaud Dutreil était là lui aussi. Selon un sondage Odoxa pour Le Parisien publié mardi, 36% des Français souhaitent qu'Emmanuel Macron se présente, contre 14% pour François Hollande et 26% pour Manuel Valls. JB-M