Suite aux alertes lancées récemment par le réseau FEWS.NET, une équipe de Première Urgence vient de mener une évaluation de la situation humanitaire en République de Djibouti. Après le Kenya, et avant la Somalie, cette mission confirme la volonté d’implantation de Première Urgence dans la Corne de l’Afrique.
Peu présente dans les médias, la République de Djibouti compte une population estimée à 720.000 personnes, dont 70 % vivent dans la capitale. Connu pour être un des pays les plus pauvres au monde, classé 154ème sur 177 par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) en terme d’Indice de Développement Humain (IDH), Djibouti voit l’insécurité alimentaire progresser parmi ses habitants du fait des effets conjugués de la sécheresse et de la hausse mondiale des prix des denrées agricoles.
Les taux de malnutrition globale et sévère s’y établissent désormais au dessus des seuils – critique, selon une enquête du Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF) réalisée en décembre 2007, avec une malnutrition globale à 16,8 % et sévère à 2,4 %. 25.000 enfants souffriraient de malnutrition dans l’ensemble du pays.
Djibouti est en outre un pays d’accueil pour les réfugiés Somalis. Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR) y a ouvert un camp à Ali Addeh qui compte actuellement 8.200 personnes (12.000 prévues d’ici fin 2008). Cependant, un nombre non négligeable de réfugiés Somali préfère rejoindre directement les bidonvilles de la capitale puis tenter un passage vers le Yémen, souvent au péril de leur vie.
Camp de réfugiés Somalis d'Ali Sabieh à Djibouti.Deux catégories de Djiboutiens souffrent particulièrement de la crise actuelle : les éleveurs nomades d’une part, les populations vivant dans les bidonvilles de la capitale d’autre part. 120,000 personnes issues de ces deux catégories nécessiteront une aide alimentaire pour les prochains mois selon le Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies (PAM).
La faiblesse de la dernière saison des pluies n’a pas permis de reconstituer les pâturages, la végétation et les réserves en eau. La plupart des éleveurs nomades ont connu de fortes pertes de troupeaux lors des précédentes sécheresses de 2005 et 2006, leurs ressources sont donc totalement épuisées pour aborder une nouvelle sécheresse.
Pour les populations des bidonvilles de la capitale, le réseau FEWS.NET rapporte que « plus de 200.000 personnes dans les zones urbaines sont en situation de haute ou extrême insécurité alimentaire du fait de la hausse des prix des denrées agricoles et ces populations ne peuvent actuellement satisfaire que 59% de leur besoin journalier minimum de 2.100 kcals ». Il faut rappeler que les opportunités d’emploi sont très limitées à Djibouti, avec 80% de la population au chômage.
Suite à cette mission, l’équipe travaille actuellement à la préparation d’un projet de développement du maraîchage en faveur des réfugiés et populations autochtones d’Ali Addeh, pour diversifier leur régime alimentaire et générer des revenus complémentaires.
Cette intervention comprendra l’aménagement de jardins le long d’un oued avec une irrigation en goutte à goutte. Déjà validés par l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) à Djibouti, les « bucket kits » seront utilisés pour ce projet. Des formations aux techniques maraichères et à la conservation des légumes seront également dispensées aux producteurs.