Barranco, mon amour
Barranco est mon quartier.
Il fait partie de ces lieux éclectiques, trop contrastés, pour entrer dans une catégorie.
Ici, les vendeurs d' emoliente et de sandwiches au poulet à 1 nuevo sol côtoient les galeries d'art branchées qui gardent jalousement leurs portes fermées. Les grandes BMW, toujours pressées, klaxonnent les vieux combis qui s'arrêtent où bon leur semble.
D'un côté, de grandes maisons se succèdent, rappelant la gloire passée des lieux, remontant au début des années 1900. Certaines ont survécu au poids du temps, d'autres, ont été simplement abandonnées à leur sort, envahies par la poussière et l'humidité, les deux forces impitoyables de Lima. Dans une ville obsédée par la construction d'édifices, plusieurs ont d'ailleurs été remplacées des appartements de luxe, leur version moderne.
Aussi invisible soit-elle, il existe bien une barrière qui sépare ces deux mondes qui ne se connaissent pas.
De l'autre côté, les enfants jouent devant les petites maisons colorées. Les marchands de journaux et autres kiosques cachent parfois un barranquino qui somnole, rarement dérangé en pleine journée. Les yeux sont tournés vers les télé bruyantes des menus à 7 soles et les bodegas, présentant le foot ou les télénovelas populaires du moment. Les fins de semaine d'été, les amis se réunissent et partagent un même verre de bière en cercle, à côté de leur petit barbecue. Toujours dehors, car il fait trop chaud à l'intérieur.
Tel un village au coeur d'une grande ville chaotique, c'est son esprit de " barrio " ( de quartier) qui attire les nouveaux entrepreneurs, les artistes, et tous les autres -comme moi- qui veulent simplement vivre dans un quartier où l'on se salue encore dans la rue.
Puis il y a ces façades uniques, pour lesquelles je fais un détour pratiquement tous les jours, pour le simple plaisir de les regarder.