L’un des défis dans la détection et le traitement du cancer de la prostate est, – on le sait bien avec les limites du test PSA– que certains cancers vont se propager très rapidement, d’autres très lentement en restant localisés au sein de la prostate et sans parfois ne jamais causer des problèmes. Il n’existe donc actuellement aucun test fiable pour effectuer un diagnostic et pronostic totalement précis de ce cancer.
Les chercheurs de différents instituts américains (University of Washington, Fred Hutchinson Cancer Research Center, Institute of Cancer Research, Royal Marsden Hospital, Memorial Sloan Kettering Cancer Center, Weill Cornell Medical College, Prostate Cancer Clinical Trials Consortium, University of Michigan, Howard Hughes Medical Institute et Dana–Farber Cancer Institute) ont analysé l’ADN de 692 hommes atteints du cancer de la prostate métastatique (cancer avancé qui se propage à d’autres parties du corps) pour tenter d’identifier des marqueurs génétiques spécifiques, en particulier parmi les 20 gènes connus pour être impliqués dans la réparation d’ADN. Les résultats de ces analyses ont été comparés à des données de patients atteints de cancer de la prostate localisé/métastatique et de témoins sains.
Sur les 692 hommes ayant un cancer de la prostate métastatique,
· 12% présentaient au moins une mutation dans un gène de réparation de l’ADN,
· 44% de ces patients présentant au moins une mutation et 5,3% de l’échantillon, présentaient une mutation du gène BRCA2,
· 15 autres mutations génétiques ont été identifiées (voir schéma ci-contre).
· Les participants présentant une mutation sur un gène de réparation de l’ADN avaient un score de risque plus élevé de cancer de la prostate au moment du diagnostic,
· les probabilités d’avoir une mutation d’un gène de réparation de l’ADN apparaissent 5 fois plus élevées chez les hommes atteints d’un cancer de la prostate métastatique vs sans cancer.
L’étude conclut ainsi que les mutations dans ces 16 gènes impliqués dans la réparation d’ADN sont plus fréquentes en cas de cancer métastatique vs cancer localisé.
– Ce premier résultat suggère déjà un test de pronostic.
– Ensuite, ces données ouvrent plus largement la voie du traitement personnalisé pour ce cancer. En effet, le traitement » moderne » du cancer vise à identifier la bonne thérapie pour le bon patient, et ce type de données génétiques va donc aider les médecins à mieux personnaliser les traitements.
Enfin, l’identification de ces mutations génétiques apporte des informations utiles pour les parents, hommes ou femmes de ces patients, sur leur propre risque de cancer.
Source:The New England Journal of Medicine July 6 2016Inherited DNA-Repair Gene Mutations in Men with Metastatic Prostate Cancer