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Nouvelles du Piémont

Par Mauss

Trop bref passage en terres piémontaises mais toujours avec des rencontres de vignerons de coeur.

Du côté des news :

- une déjà connue des cognoscenti : la famille Gaja réintègre sa DOCG avec ses crus, style Sori Tildin ou San Lorenzo. Pour ici, c'est une nouvelle d'importance, bien que ce soit fait "mezzo voce".

- une qui fera la une de journaux spécialisés : demain, on annoncera la vente du Domaine Vietti (Castiglione Falletto) à des américains.

- on trouve enfin deux cartes en relief de tous les crus de ces deux appellations majeures : Barbaresco et Barolo dans les oenothèques de ces deux communes. Un travail magnifique où on apprend beaucoup.

Les choses changent ici comme partout ailleurs.

Excellent déjeuner avec Angelo Gaja à la Trattoria qui se trouve en haut de Barbaresco et où la Carne Cruda est simplement parfaite. On ne discute même pas de la qualité de la pasta mais, chose magnifique, en fin de repas, on vous porte un beau plateau de fruits frais découpés où l'abricot se dispute avec la prune, avec une belle harmonie de pezzetino de pêche, de pommes et autres douceurs totalement recommandées par le corps médical.

Angelo Gaja, en verve comme jamais, me raconte le tout début de l'histoire de cette région, lors du XXème siècle. En fait, ce que je ne savais pas, c'est le rôle plus que majeur qu'ont joué Renato Ratti et son Père, cet homme que j'ai toujours connu en costume et cravate, droit comme un I et qui remontait les escaliers de sa cave à vitesse grand V.

En 1958, le vin fut plus que bon. Il vint sur le marché en 1961 et années suivantes alors qu'à l'époque, la vaste majorité des vins, étaient vendus par 4 maisons majeures dont Fontanafredda, Marchesi di Barolo, Prunotto (maintenant propriété des Antinori).

Le prix moyen tournait autour de 300 lires la bouteille ! Chez Pio Cesare, on était un peu plus haut, à 500 lires. Mais Gaja a décidé, à cette époque, de porter son prix à 1.000 lires, ce qui a été une décision incroyable ! En fait, il a commencé à éliminer tous les métayages et à salarier les contadini du coin afin d'être certain qu'ils tiendraient leurs vignes comme il le souhaitait. Une véritable révolution ! 

Puis, est venu très vite, et sous l'impulsion d'un nom à ne jamais oublier, celui de Luigi Veronelli, la mention, sous l'appellation, des crus d'où provenaient ces vins.

Angelo Gaja qui facture ses visites à € 300 par personne et ses conférences entre € 10.000 et € 20.000 donne l'intégralité de ces revenus à des oeuvres. L'an dernier, le total a dépassé € 280.000. Voilà une initiative qui mérite chapeau bas. 

Soucieux du changement climatique et de la mode des vins dits "nature", son espoir est que ses 3 enfants qui ont décidé de suivre sa trace, puissent, comme lui, continuer avec passion ce transfert de propriétés tant il est vrai qu'un grand vigneron ne se sent jamais propriétaire, mais passeur. Bref : pour ceux qui l'ont connu dans les années 80 et 90, ce changement dans son style est quelque part, une petite révolution.

Visite ensuite chez Bruno Rocca, enthousiaste sur le développement actuel de ses vignes, qui reste, avec Luciano Sandrone, un exemple parfait de la réussite de quelques noms de cette région aux mille collines. 

On n'a pas oublié un passage émotionnel chez les autres Rocca (pas de lien familial avec la famille de Bruno), ceux de Cà Növa dont le Père est l'exemple même du grand vigneron d'une modestie qui impose le respect. Dire que ses vins sont le meilleur RQP de Barbaresco, c'est une évidence qui ne se discute pas. A € 15, vous avez là des merveilles.

Vous dire que je vous écris depuis la terrasse de la Ciau del Tornavento - restaurant archi complet, et on est lundi - où la température perd une bonne dizaine de degrés (on était à 32°), cela doit vous charger quelques neurones pour une visite dans ce vignoble européen de référence.

Demain, en route pour un bonjour à Alain Graillot lequel, j'espère, pourra venir à Villa d'Este tant les vins du Rhône, les siens qui ont cartonné au GJE, se doivent d'être mieux connus internationalement.

Quelle chance d'avoir une activité qui permette d'être vécue avec passion ! 


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