Notre supplément "Style et tendances"

Publié le 20 juin 2007 par Stéphane Kahn

Bêtement, j’en avais un peu marre de tous ces articles sur Justice, du buzz que les Inrockuptibles et d’autres avaient fait monter au fil de leurs numéros printaniers (logiquement, le duo électro tête à claques est en couverture dudit hebdomadaire cette semaine).
C’était avant d’écouter l’album. Entre les Daft Punk (sans les fautes de goûts eighties), les Chemical Brothers (l’incroyable dyptique Stress/Waters of Nazareth), les bandes originales de John Carpenter (Phantom et One Minute to Midnight) et quelques relents disco presque hors-sujet (D.A.N.C.E, Dvno), la rumeur était finalement plus que justifiée. Justice est un juke-box fou, une enthousiasmante machine à faire danser. Tout au plus pourra-t-on tiquer sur le manque d’originalité de l’ensemble. Pas grave : depuis le début de la soirée, le disque tourne en boucle. J’en oublierais presque le pourtant formidable Era Vulgaris des Queens of the Stone Age et Icky Thump des White Stripes. Un comble pour un projet « french touch » que j’étais parti pour ne pas aimer…
La vidéo du single D.A.N.C.E. – tube de l’été annoncé – permet de reparler un peu de clip ici, ce que je n’avais pas fait depuis longtemps.
Bon, le morceau n’est pas vraiment représentatif d’un disque finalement assez sombre. Et il ne vaut pas les délires pop de The Go! Team (ici) ou les samples déglingués de The Avalanches (), mais indéniablement cet hommage barré aux Jackson 5 fonctionne.
Avec le clip de D.A.N.C.E., le duo parisien avance à visage découvert. Il s’agit de look. De rien d’autre. On l’avait bien compris, d’ailleurs, depuis que les Inrocks, en teaser à la sortie de l’album, avaient consacré, il y a quelques semaines, leur très dispensable page « Style » au décryptage du look des deux garçons.
Ici, semble-t-il, il s’agit surtout de vendre des tee-shirts, le clip retrouvant son rôle initial de film publicitaire, ce statut que quelques chef-d’œuvres avaient permis de mettre en sourdine (le clip trouvant au tournant du XXe siècle, grâce à Gondry, Jonze et consorts, la porte d'entrée vers les lieux et les écrits de cinéma).

Allons, Justice, ce n’est pas que du marketing, me dira-t-on, il y a là une démarche artistique cohérente puisque les deux musiciens sont d’anciens graphistes. On nous a donc saoulé avec le look des deux justiciables mais on ne voit pas les visages de Xavier de Rosnay et Gaspard Augé  dans le clip. Pourtant, ils sont bien là – en creux – en prescripteurs de tendances.
Justice : groupe à la mode ou groupe de défilé ?
Logiquement, on peut dire du directeur artistique du label Ed Banger, So_Me, qui a dessiné les tee-shirts, qu’il est l’auteur du clip autant que Jonas et François, les deux réalisateurs crédités.

Les vidéos musicales, il y a quelques années, servaient à vendre des singles. Mais aujourd’hui que la musique se télécharge « illégalement » ou dans le meilleur des cas virtuellement, que reste-t-il à vendre ? Ça n’a pas loupé. À une époque où les jeunes – qu’ils soient fans des Klaxons ou des Naast – se sont jetés dans la course aux looks, avec un exponentiel budget jean slim & gel capillaire, certains tee-shirts créés pour le clip existent désormais dans le monde réel et sont en vente notamment chez Colette (oui, chez Colette, car Justice, c’est chic et bobo… et puis parce que Pedro Winter, leur manager, est marié à la responsable de la communication de la boutique…).

D.A.N.C.E., donc, est un super clip dont on aurait vraiment aimé trouver le concept. Mais c’est surtout une page de publicité de trois minutes. Il faut le savoir avant de le visionner.

PS : Pour être honnête, des tee-shirts de groupes, j’en ai pas mal… et le « Internet killed the video stars », vous pouvez me l’offrir, je le porterai…
http://www.myspace.com/etjusticepourtous