Après « La bibliothèque des cœurs cabossés », voici le second roman de Katarina Bivald, « Le jour où Anita envoya tout balader ». Autant son premier roman ne m’avait pas laissé un souvenir impérissable, autant celui-ci m’a fait passer un bon moment et les histoires d’Anita m’ont beaucoup plu. La vie d’une quarantenaire qui se découvre lorsque sa fille quitte le nid.
Quatrième de couverture:
« L’été de ses dix-huit ans, Anita s’était fixé trois objectifs: apprendre à conduire une moto, acheter une maison et devenir complètement indépendante.
Presque vingt ans plus tard, Anita n’a toujours pas réalisé ses rêves. Elle mène une petite vie tranquille, seule avec sa fille Emma, et travaille au supermarché local. Le départ d’Emma pour l’université va bouleverser ce quotidien un peu fade. Anita va devoir gérer quelque chose qui lui a cruellement manqué ces deux dernières décennies: du temps libre.
Qu’à cela ne tienne, Anita commence à prendre des leçons de moto, se lance dans un projet impossible, apprend à connaître sa mère légèrement sénile, et tombe follement amoureuse.
Finalement, n’est-ce pas merveilleux de réaliser ses rêves d’adolescence à l’approche de la quarantaine? »
Mon avis:
Anita est touchante par sa naïveté, son inexpérience et son humanité. Elle est mère poule, terrorisée à l’idée d’avoir des soirées et des week-end de libres. Avant sa vie se résumait à son travail et à s’occuper de sa fille. Cette dernière partant à l’université, Anita va bien devoir s’occuper.
Vouloir réaliser ses rêves d’adolescente fait sourire le lecteur car elle se lance dans des cours de conduite à moto, elle qui n’a jamais conduit une voiture. Elle repousse ses limites, peut-être un peu trop vite pour elle au début. Ses amies la poussent à continuer, la secoue parfois et ses premiers sentiments pour son prof de moto vont vite venir perturber le quotidien d’Anita. Comment séduire lorsqu’on n’a pas eu d’homme dans sa vie depuis plusieurs années? Comment se sentir belle et désirable? Et surtout comment avoir confiance en soi?
A l’heure où les questionnements et les remises en question sont à leur apogée, Anita se découvre une seconde jeunesse. Pleine d’ambition et de projets, elle se lance dans l’organisation de la journée de la ville sans avoir aucune expérience.
C’est tout cela qui l’a rend touchante. Elle arrive à remuer ciel et terre pour que sa ville ai une fête mémorable quand elle se déprécie et se dévalorise face à son amour naissant. Une Anita aux multiples facettes qui étonne ses proches quand ce n’est pas elle-même.
Une lecture qui fait du bien et parfaite pour se détendre cet été!
Bonne lecture!
Petit extrait:
« Mon corps a porté un enfant, c’est indéniable. La lumière vive du plafonnier éclaire impitoyablement aussi bien mes vergetures que mon ventre et mes hanches.
Je m’efforce de continuer à m’observer.
C’est un corps marqué et endurci par des activités telles que des cours de moto et des promenades. Si on ne tient pas compte de mon entorse au pied, il est plutôt en bonne santé. En tout cas, jusqu’à présent il ne m’a pas fait défaut. Je passe ma main sur mon ventre jusqu’aux seins. Pendant quelques secondes, je ferme les yeux en imaginant la sensation d’être touchée par quelqu’un d’autre.
Puis je les ouvre et me rends compte que je suis à moitié nue dans mon entrée. Je me précipite dans ma chambre et j’enfile mon peignoir, comme une adulte. Comme une femme normale.
Une minute. C’est le temps que j’ai réussi à tenir devant mon miroir. »
« Le jour où Anita envoya tout balader, Katarina Bivald, traduit du suédois par Marianne Ségol-Samoy, paru aux Editions Denoël en Avril 2016, 459 pages.