Le gendarme du rail quitte son poste, "inquiet pour l'avenir du réseau" ferré
Publié le 12 juillet 2016 par Blanchemanche
#SNCF11 juillet 2016@ JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFPA une semaine de son départ, le président de l'autorité de régulation du secteur ferroviaire ne cache pas son inquiétude sur l'état du réseau ferré français.
Le président de l'autorité de régulation du secteur ferroviaire, Pierre Cardo, dont le mandat expire la semaine prochaine, a déclaré lundi être "inquiet pour l'avenir du réseau" ferré français et "pas persuadé" que la SNCF soit capable d'en améliorer rapidement l'état.
"En mauvais état". "
Le réseau est en mauvais état et le retard ne va pas se rattraper en peu de temps", a observé Pierre Cardo lors d'une conférence de presse, la dernière avant son départ de l'Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (Arafer) le 19 juillet, au terme d'un mandat de six ans. Il a pointé "un problème de savoir-faire sur la maintenance et l'entretien des voies", révélé par la catastrophe de Brétigny-sur-Orge en juillet 2013 - le déraillement d'un train Intercités avait tué sept personnes et blessé 70 autres.
Ça ne va pas s'améliorer. Cette situation, liée à la fois au départ en retraite d'ingénieurs chevronnés et à des contraintes budgétaires, "ne va pas s'améliorer avant quelques années", a-t-il prédit. "Je ne suis pas persuadé que SNCF Réseau ait les moyens humains et financiers d'y faire face", a-t-il ajouté, malgré la promesse du gouvernement de porter le budget de "régénération" du réseau de 2,5 à 3 milliards d'euros par an d'ici 2020.
"Un problème de matière grise". Pierre Cardo a également dénoncé "la schizophrénie de l'Etat", qui mobilise constamment le gestionnaire public du réseau ferré sur des projets de nouvelles lignes à grande vitesse (LGV), tout en exigeant plus de sécurité et de fiabilité. "L'urgence, ce sont les nœuds ferroviaires autour de Paris, Lyon et Bordeaux. On ne peut pas en même temps lancer des études sur de nouvelles LGV. Il y a un problème de matière grise", a-t-il affirmé.
Un appel à la raison. Redoutant que le financement des nouvelles LGV repose sur la circulation de "trains vides pour payer des péages à SNCF Réseau", le président sortant de l'Arafer a estimé que "ces projets donnent l'impression qu'on n'a pas une stratégie très claire au niveau de l'Etat". "Tout cela me rend un peu inquiet pour l'avenir du réseau", a-t-il poursuivi, souhaitant "que l'on soit un peu plus rationnel dans la façon d'aborder le ferroviaire".
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