« Avant la fin du monde« , il est « révélé » qu' »en tout temps« , les super-pouvoirs ont existé au pied des pyramides. Ensablé dans un rythme égrainé, X-Men Apocalypse constitue le troisième long-métrage depuis le recommencement entamé par X-Men : Le Commencement (Critique publiée en 2014 sur le Blog LaMaisonMusee.com .) Lentement, le sixième film estampillé X-Men amorce un renouveau écartelé entre une mise en scène maladroite proche du mauvais goût visuel et quelques tentatives portées par de nouveaux acteurs.
La cour des grands.
Des milliers d’années avant 1980, âge d’or des mutants, pharaons et dignités craints de l’Antiquité régnaient par la distinction de pouvoirs redoutés. Parmi eux, Apocalypse (Interprété par Oscar Isaac, Poe Dameron dans Star Wars VII.) a accumulé suffisamment de facultés inouïes pour égaler une divinité.
Parallèlement à une personnalité ancestrale puissante en sommeil, le scénario insiste sur le développement de potentiels emblématiques des X-Men, comme Jean Grey (Jouée par Sophie Turner, Sansa Stark dans Game of Thrones.), Tornade / Storm, (Interprétée par Alexandra Shipp) ou Scott « Cyclope » Summers (Costume endossé par Tye Sheridan), tous incarnés par des jeux d’acteurs originaux pour le grand public. En plus de 2 h., les récits croissent sans éclats jusqu’à une confrontation préparée, attendue, prévisible. Dès lors, exit l’excitation cultivée par le suspens, place à une recherche fermée du spectaculaire : d’un côté, un super-vilain suprême annihile toute vie d’un claquement de doigts, de l’autre, Scott « Cyclope » déracine un chêne centenaire d’un clin d’œil mal contrôlé.
Animé pour sa volonté d’honorer des visages peu connus dans le cinéma américain actuel, X-Men Apocalypse a le tort d’exiger aux anciennes et nouvelles personnalités de porter des costumes avant d’incarner les personnalités portées à l’écran. L’élégance des mots « tenues héroïques » perd tout sens face au Perfecto cintré d’Angel, à la coiffure exagérée d’Hugh Jackman décidément incollable de son rôle de Wolverine ou au casque cabossé mal ajusté de Magneto. X-Men Le Commencement nous a laissé espérer à une certaine retenue pour s’inspirer des Comics sans nécessairement être une copie conforme de l’univers dessiné.
Suite de X-Men : Le Commencement, film à la qualité étonnante, la réalisation parue en Mai 2016 conserve l’atout d’être une distraction déséquilibrée par une progression comme ralentie ou empêchée d’être remarquable … faute d’imagination.
Vol plané au dessus de l’univers dessiné.
Fondé, à s’en brûler les ailes sur la réussite des X-Men : Le Commencement et X-Men : Days of Future Past, le résultat définitif s’approche d’un héroïsme détrempé sans relief. Sans envolée lyrique dans les dialogues, (« La loose totale quoi !« , pourra dire Quicksilver, comme pour retrouver l’adolescence d’un acteur alors trentenaire.) X-Men Apocalypse se contente de vols de reconnaissance autour d’effets spéciaux quelque part placés entre le kitsch et un besoin d’impressionner le spectateur. Émaillé de références restées bloquées en 1962 sur les plages de Cuba, un lieu clef d’X-Men : First Class, une unique ascension stylistique donne un peu plus d’amplitude au long-métrage de Bryan Singer. Ralentie et cadencée sur une musique des Eurythmics (Sweet Dreams are made of this), une longue scène détourne l’étouffement mou du film. A ce détail près : chaque image s’inspire elle-même d’une séquence de 2 mn issue d’X-Men : Days of Future Past.
En mettant en scène un vilain divinement mégalomaniaque, X-Men Apocalypse nourrissait une ambition infidèlement desservie dans la copie définitive. Mal intégrés au décor désertique et biblique d’un champ de caillasses, Apocalypse et ses Chevaliers ratent tristement leur impact dans l’effet imposant quêté. D’autres courtes scènes moins ajustées à un fond vert s’impriment bien plus facilement sur nos rétines : Michael Fassbender (Acteur de Magneto.) dégage plus de charisme dans un cliché pastoral qu’en portant son couvre-chef métal fièrement vissé, tandis que Sophie Turner détonne très simplement dans les dernières minutes très icariennes d’X-Men : Apocalypse.
De défauts en points négatifs, l’impression finale n’est pourtant pas absolument mauvaise. Dans son royaume d’idées, X-Men Apocalypse adapte des sujets laissés à l’état brut, dotés de sens à une plus grande échelle, et particulièrement intéressants à relier entre eux.
« Par les dieux anciens et les nouveaux ».
Choisir de représenter le maléficieux Apocalypse, lui, à travers une vaste galerie de mutants tous plus désaxés les uns par rapport aux autres, permet d’aborder toute la (dé)construction d’un être imaginé comme « le » Dieu. « Elohim« , révèle Apocalypse pour s’identifier et tenter de ressembler à une appellation extraite de la Bible. En tout état de cause, la Toute-Puissance hautainement démontrée manque d’une faculté essentielle : l’omniscience, le fait de tout savoir. Son incomplétude s’échoue sur la personnalité de Professeur Charles Xavier, un personnage mentalement redoutable et enrichi par un contact constant avec de jeunes élèves formés à son école. « Dieu soit loué !« , s’écrira comme un réflexe verbal automatique un soldat américain haut-gradé face à une accalmie des catastrophes causées par Apocalypse.
Or, l’excès (Incarné par Apocalypse) ou les preuves de vertu (Mises en oeuvre par les X-Men) sont mus par une ligne morale de la « croyance » là où un être reconnaît l’empreinte probable du christianisme. Dieu est mort, a pu écrire F. Nietszche, pourrait ici avoir une interprétation toute trouvée : l’un, par imbus de sa personne, déchoit, (Croyance aveugle et personnelle), l’autre, convaincu d’y voir un acte divin d’un dieu unique, trouve un élan moral (Il retrouve des repères moraux dans un dérèglement anormal.), les jeunes super-héros, quant à eux, portent un nihilisme héroïque. De jeunes étudiants, de nouveaux jeux d’acteurs, des personnalités non révélées depuis X-Men : Le Commencement valorisent une communion amicale, en phase avec la société dont ils font partie et prennent ensemble en main leur(s) avenir(s).
Vainement, la réalisation se morfond à militariser la notion de superpouvoirs. Le Professeur Xavier défend la création d’un « campus« , un lieu où les enseignements sont multiples, pour admettre dans les derniers instants du film, l’indispensabilité de s’entraîner, de combattre, de former des « X-Men« . De vrais petits soldats en vue de servir le Bien, uniquement. Décidément, la société américaine amère perdante inconsolable de la Guerre du Viêt nam, pressent le Mal en prenant un temps d’avance armé sur une situation « au cas où ».
On a aimé :
+ Le choix de mettre en scène le vilain Apocalypse.
+ Sophie Turner et d’autres jeunes acteurs : une vision plus intéressante des X-Men.
+ Une longue scène ralentie rythmée au son des Eurythmics – Sweet Dreams are made of this. (Dont l’idée, malheureusement, n’est pas originale mais issue d’une très bonne initiative d’X-Men : Days of Future Past.)
On a détesté :
– Des combats mal mis en scène.
– Des costumes et des décors loin d’être convaincants.
– Une manne d’idées laissée à l’état brut.