Les déboires de l' investisseur boursier, quand il achète directement des actions pour son portefeuille personnel, sont - j'en conviens - un des plus tristes phénomènes présents sur les marchés boursiers depuis 25 ans.
Malgré ses échecs en Bourse, l' investisseur trouve le moyen d'esquiver la réalité au profit d'excuses de toutes sortes, histoire de mieux avaler sa pilule. Parfois c'est la faute au marché, d'autres fois, c'est la faute à son conseiller. S'il s'en sort bien, alors là, tout le crédit lui reviendra, ce sera grâce à son jugement, à son savoir ou à son talent.
Cette réaction, c'est ce que les psychologues appellent le biais de complaisance. Ce phénomène se résume comme suit: nous nous attribuons le mérite de nos succès, tout en refusant toute responsabilité dans nos échecs.
Les recherches psychosociologiques sur le biais de complaisance abondent, en voici quelques exemples:
Les gens encore mariés attribuent le succès de leur mariage à des qualités comme la compréhension mutuelle, le respect, l'attention, etc., alors que les couples divorcés vont surtout expliquer leur échec matrimonial par des raisons impersonnelles comme l'argent et le travail.
Les athlètes s'octroient le crédit de leurs victoires mais ont tendance à attribuer leurs défaites à des facteurs extérieurs tels que les erreurs des officiels ou les mauvaises décisions de l'entraineur.
Les enseignants vont attribuer les notes élevées de leurs élèves à leurs talents de pédagogue; mais si le taux d'échec est élevé, ils l'imputeront à un manque de motivation des élèves ou encore à leur intelligence limitée.
Le biais de complaisance, dans le domaine de la Bourse, est fortement alimenté par la fausse impression de contrôle qu'ont les investisseurs. En effet, il est facile d'affirmer que j'ai le plein contrôle de mon portefeuille d'actions personnel. Mais est-ce toujours vraiment le cas? Nous trempons souvent dans l'illusion de contrôle sans, évidemment, en être au courant.
Nos décisions d'investissement, et surtout nos attentes en terme de rendement, sont grandement imprégnés de cette même illusion de contrôle. L'arrivée en force des courtiers escompteurs en ligne au cours des vingt dernières années, malgré tous leurs avantages indéniables, a constitué à mon avis une source de prolifération chez l' investisseur boursier autonome qui s'apparente à la pensée magique.
Nombreux sont les investisseurs qui, sous prétexte qu'ils avaient accès aux cotes boursières en temps réels et qu'ils prenaient connaissance des communiqués de presse des sociétés en même temps que les analystes financiers, se sont crus tout à coup aussi compétents ou même davantage que ceux-ci.
Jamais, je ne contesterai les vertus de l'autonomie en matière d'investissement boursier. Cependant, l'autonomie amène avec elle un grand danger, soit celui de pousser les investisseurs à multiplier inutilement les transactions et à croire, que plus ils font de transactions, plus grand est le pouvoir qu'il exerce sur leur rendement de portefeuille.
Malheureusement, dans la réalité rien n'est plus faux, cela a été prouvé à plusieurs reprises par différentes études sur le sujet. N'oubliez jamais que le succès en investissement boursier réside moins dans le choix des titres que dans le bon comportement à adopter. La preuve: vous n'obtiendrez jamais de bons résultats en Bourse sur le long terme si vous achetez et vendez au mauvais moment, et ce même si vous transigez des entreprises remarquables.
Par Martin Raymond
Croyez-vous que le phénomène du biais de complaisance est très répandu chez les investisseurs boursiers?
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