La mine défaite d'Antoine Griezmann après le coup de sifflet final I AFP
Dans Paris, sous le maquillage bleu blanc rouge, les mines sont défaites. "Putain on a perdu, je voulais tellement que la France gagne", soupire Mickaël, larmes aux yeux. Mais plus loin, de nombreux supporters courent à perdre haleine avec leurs drapeaux portugais au vent. "On nous a tous sous-estimés !", lance un supporter et sa femme, peu avant la fin des prolongations. Les deux n'ont qu'une chose en tête : "fêter ça avec toute la communauté portugaise !" Hier soir, place de l'Etoile, la circulation a été bloquée dans un concert de rugissements de moteurs et de klaxons. Les CRS ont empêché l'accès à l'Arc de Triomphe, nargués par des jeunes, dont certains brandissaient des drapeaux de différentes nationalités.Plus tôt, la soirée a été ternie à Paris par des incidents, quand des supporters ont tenté d'entrer dans la fan zone de la Tour Eiffel fermée dès 19H00 puisque pleine à craquer (plus de 90.000 spectateurs). Certains ont jeté des projectiles, brûlé des détritus ou des scooters. Les forces de l'ordre les ont repoussés à l'aide de gaz lacrymogène et de canons à eau. Les supporters ont eu beau entonner avec ferveur la Marseillaise et scander "Allez les bleus", rien n'y a fait. La France n'a pas marqué. Romain, vêtu du maillot des bleus, était venu de Bruxelles spécialement pour la finale : Je n’’ai pas pu vivre le Mondial 98, j'avais 3 ou 4 ans. Alors j'aimerais au moins gagner l'Euro", implore-t’il à une heure du coup d’envoi.ConsternationLe but d'Eder en prolongation a achevé d'éteindre les espoirs tricolores. On ne se lasse pas d'encourager les Bleus mais à Paris, les supporters n'y croient plus. A Marseille, l'ambiance se refroidit d'un coup et certains n'attendent même pas la fin pour quitter la fan zone. Au coup de sifflet final, les bars du Vieux-Port qui retransmettaient le match se vident eux aussi en quelques minutes. Les Français le désiraient avec ferveur, ce triomphe en finale ! Une "victoire, pour le moral", après une année marquée par les tragiques attentats. "Cela n'effacera pas les mauvais souvenirs de 2015 mais ça nous fera avancer un peu...", explique cet étudiant en école de commerce. A la fin de la rencontre, c'est la consternation et l'abattement. Assis non loin d’Orsay, Hassan enveloppé dans son drapeau tricolore et Nessim ont le visage fermé. "Je ne sais pas quoi dire. Le Portugal ne méritait pas cette victoire. On aurait dû se méfier d’eux. Les Français je les ai trouvés fatigués, ils ont joué par à-coups. La déception est trop forte pour qu'on aille faire la fête".A Mâcon, fief d'Antoine Griezmann, le sacre du Portugal a été accueilli par les huées et les sifflements des quelque 5.000 supporters réunis dans une salle d'exposition où était retransmis le match. A leurs yeux, Grizou n'a pas démérité, tous fier de lui fier, tous présent pour lui. Prochaine étape, la Coupe du monde, en 2018. "C'est ça le football, on gagne ou on perd", lâche Ndioye croisé aux abords de l’Hotel de Ville, où la foule a rapidement déserté les bars. "Mais peu importe, quoiqu’il arrive, le drapeau français restera toujours sur mes épaules…" FG