Indien né au Tamil Nadu, Felix Wilfred, 68 ans, est le doyen de la Faculté de philosophie et de sciences religieuses de Madras. Spécialiste de dialogue interreligieux et interculturel, il a été membre de la Commission théologique internationale, à Rome.
Il était l’un des organisateurs du Congrès international et interdisciplinaire qui s’est tenu à l’ICP du 27 au 30 juin sur « le dialogue des rationalités culturelles et religieuses ».
La Croix : Vous venez d’organiser un congrès avec l’Institut catholique de Paris sur le « dialogue des rationalités culturelles et religieuses ». N’observe-t-on pas plutôt une explosion des conflits ?
Felix Wilfred : Nous avons choisi ce thème pour cela : en raison de la crise des réfugiés, des migrations et des problématiques qu’elles suscitent partout dans le monde. La théologie doit être capable de dire quelque chose sur ces sujets.
Au fond, la « rationalité », c’est ce qui explique notre manière d’agir, nos rites, nos habitudes... Les cultures, les religions, les sexes ont chacun ou chacune leur rationalité : nous devons donc reconnaître leur diversité, abandonner l’illusion de l’universalisme.
Jusqu’ici, nous n’avions que deux paradigmes pour gérer cette diversité : soit l’assimilation, qui revient à tout ramener à soi et à nier la différence de l’autre sans avoir la patience d’attendre qu’il dise qui il est ; soit le multiculturalisme, dans lequel on accepte que chacun vive selon sa culture. Nous devons trouver une théorie politique qui parvienne à concilier à la fois les droits de l’individu, et la reconnaissance de la communauté dès lors qu’elle ne fait pas pression sur l’individu. C’est un problème général, posé par les migrations.
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