Six ans après la naissance de Friendsurance en Allemagne, l'assurance collaborative s'apprête (enfin !) à débarquer dans l'hexagone, grâce à Otherwise. J'ai eu le plaisir de découvrir cette semaine les dessous de son offre à l'occasion du « Demo Day » qui concluait la première saison de l'accélérateur FinTech de l'Atelier BNP Paribas.
Dans ses grandes lignes, l'approche « P2P » retenue par Otehrwise est conforme aux standards du genre. Quand il souscrit son assurance, le consommateur va être regroupé avec quelques autres, afin de constituer une petite communauté d'une centaine de personnes. Les primes versées par ses membres sont alors (collectivement) affectées, pour une partie, à une sorte de « pot commun » destiné à couvrir les petits sinistres et, pour le reste, à un contrat classique souscrit auprès d'une compagnie traditionnelle.
Le dispositif a aussi ses particularités. D'abord, plutôt que de demander aux assurés de constituer leurs propres communautés, en faisant appel à leurs proches (ce qui peut effectivement représenter un obstacle à la souscription initiale), la startup va définir elle-même des regroupements optimaux. Elle s'appuie pour ce faire sur un rapprochement des profils individuels – ceux-ci étant établis à partir d'un questionnaire rempli lors de l'inscription – permettant d'ajuster leur composition par affinité de risques.
En contrepartie de la simplification des démarches qu'il entraîne automatiquement, ce choix stratégique introduit toutefois un compromis sur le principe de l'assurance « P2P » : dans la vision d'origine, le fait d'être associé dans une communauté avec ses amis ou sa famille est censé inciter les membres à adopter une attitude plus responsable dans la gestion de leurs sinistres et de leurs demandes d'indemnisation. Or cet avantage disparaît avec des regroupements de personnes qui ne se connaissent pas.
Sans que l'idée en soit totalement inédite, Otherwise met également l'accent sur sa politique de récompense des comportements prudents, matérialisée par le remboursement (partiel) des cotisations en fin d'année, si aucun sinistre n'a été enregistré sur la période. Cette spécificité répond aux conclusions d'une enquête qui montre que la principale source d'insatisfaction vis-à-vis de l'assurance est justement la perception de l'injustice qui consiste à payer le même tarif en l'absence de tout accident.
Autre originalité notable, la jeune pousse n'envisage pas (à ce stade ?) un développement autonome et elle cible les assureurs désireux d'enrichir leur offre existante avec un modèle « P2P » naturellement complémentaire de leurs polices habituelles. Ce positionnement explique d'ailleurs sa participation à l'accélérateur de L'Atelier et on peut supposer, avec un peu d'optimisme, que sa collaboration avec BNP Paribas Cardif, dans ce cadre, a une probabilité raisonnable d'aboutir à un partenariat d'ici quelques mois…
L'arrivée de l'assurance collaborative en France est une excellente nouvelle (en n'oubliant pas, tout de même, l'ouverture créée auparavant par insPeer sur un périmètre plus restreint), qui nous donnera l'occasion de mesurer l'appétence de nos compatriotes pour ce type de service, surtout quand il sera proposé par une compagnie traditionnelle.