Hier, chaleur estivale et début de week-end. La folie dans les rues, une effervescence qui témoigne de l’impatience générale de profiter un peu de l’été. Dans les rues du 10e, autour de Château d’eau et le long du faubourg Saint Denis, tout le monde était sorti, alanguis ou excité squattant les trottoirs, les bornes de vélib et les terrasses.
A la tombée du soleil, alors qu’il faisait encore très chaud, nous sommes entrés au New Morning pour rejoindre une ambiance moite et survoltée, sur les rythmes endiablés du Souljazz Orchestra. Formation canadienne, classée dans les genres afrobeat, funk, jazz, soul, c’est avant tout 5 musiciens qu’on découvre sur scène, derrière cette armée de cuivre que l’on devine en écoutant leurs morceaux.
Tout près de nous il y a Pierre Chrétien, qui manie de manière émérite le clavier, le chant et la cloche. Il fait face à Philippe Lafrenière, déchainé derrière sa batterie, qui porte le chant. Au centre de la scène on découvre les trois saxophonistes, Zakari Frantz, à l’alto, et Steve Patterson, au ténor, qui encadrent Ray Murray au baryton. Nous avons la chance de nous trouver tout près de la scène, pour profiter des deux sets fantastiques que les musiciens nous offrent. Le public, essouflé, ravi, et quelque peu moite, accompagne l’orchestre en dansant de façon passionnée. Le tout révèle un échange véritable, une communion parfaite l’espace d’un instant. La particularité des morceaux présentés, issus pour la plupart du dernier album du groupe intitulé “Résistance”, réside dans leurs influences africaines où l’on reconnaît les rythmiques et les sonorités du coupé-décalé, du zouk, et du ndombolo. Pierre Chrétien, le compositeur explique ainsi, « On voulait approcher l’album avec un esprit ouvert. On cherchait à développer le son et le message du groupe, alors j’ai pensé incorporer certains éléments de musique des Antilles françaises et de l’Afrique francophone, que j’écoute depuis mon enfance. »
Les morceaux sont introduits bien souvent par l’un des artistes, qui précise son nom, et parfois son message. On y découvre des textes souvent engagés sur la critique sociale et politique, qui parviennent à révéler le pouvoir populaire, en livrant généreusement un message d’amour et d’espoir. Cela se sent dans l’assemblée, les gens se sourient, et redoublent de déhanchés, à l’unisson. La complicité dépasse l’espace de la fosse, et l’échange avec les musiciens devient réel. On sourit en suivant les regards approbateurs et amusés de l’artiste ghanéen Ebo Taylor, qui communique avec le public sans avoir besoin des mots.
Le moment est magique et on repart le coeur bondissant…
Découvrez le Souljazz Orchestra