« Cela fait longtemps qu’on joue dans la rue, on aime bien ! »

Publié le 09 juillet 2016 par Abbaye Aux Dames, La Cité Musicale De Saintes @Abbayeauxdames

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Les ruelles du centre-ville de Saintes sont passantes en ce début d'après-midi. Cornets de glace à la main, lunettes de soleil sur la tête et sourires aux lèvres, familles et couples se promènent. Quelques notes de jazz s'échappent de la rue Victor Hugo, vers laquelle des Saintais convergent tranquillement. La mélodie sort des six instruments de jeunes qui jouent devant quelques spectateurs enthousiastes. " À écouter ce concert, j'ai envie de retourner au Festival ! " lance Marie-Anaïs, musicienne de 17 ans. Elle vit dans la musique, fait vivre la musique : " j'adore ! J'en écoute constamment chez moi, je vais voir des concerts, j'en joue... ".

Après des applaudissements fournis, les garçons entament le morceau suivant et Marco s'approche : " la musique classique, c'est comme le blues, c'est la base de tout. À l'époque, il n'y avait rien, et la seule école, c'était la musique classique. Certains guitar heros prennent quelques riffs aux tendances classiques... ". Ce n'est " pas vraiment la tasse de thé " de ce vieux rocker, mais : " je mets parfois un peu de Beethoven, du Wagner... même si j'écoute surtout du rock'n roll, du hard rock et du métal ! " La musique classique est-elle élitiste ? " Absolument pas, je suis métalleux, mais j'avoue que pour être un bon grateux, il faut avoir des bases classiques à utiliser sur son manche, c'est clair ! "

" J'ai un rapport vital avec la musique. J'en écoute tous les jours, quand je passe l'aspirateur, quand je suis sous la douche... j'ai des frissons à l'écoute de certaines musiques " confie cette mère de famille, en battant des mains pour accompagner les musiciens. Les tonalités sont entraînantes, le rythme agréable et maintenant, les Saintais s'arrêtent dans la rue. Même cette retraitée, qui pourtant " n'aime pas trop le Jazz ", mais se disant ouverte, elle poursuit : " Je danse tous les dimanches sur de la musette, tango, valse, guinguette, les styles d'autrefois... Et je pourrais même écouter du rap, si on m'obligeait ! "

Une petite Parisienne de 5 ans témoigne à son tour : " Je préfère Mozart parce que je sais pas vraiment comment il peut faire pour inventer toutes ces mélodies, mais ça m'étonne " certains " s'autodiscriminent ", c'est ce que pense Cyril, un barman : " J'ose dire que la musique classique est élitiste, car beaucoup pensent qu'elle ne leur est pas destinée, alors que ce n'est pas vrai ! "

Enfin, une jeune gabonaise, assise à une terrasse, présente ses goûts musicaux : " Je viens d'Afrique, où il y a des musiques traditionnelles, du zouk, des slows... [...] Aujourd'hui, j'écoute surtout du Gospel, du R'NB. Et aussi de la musique classique, Florent Pagny, Édith Piaf... " Chacun ses titres de musique d'époque !

Enfin, lorsque les six cuivres ont terminé leur troisième morceau, le public se disperse et ils répondent à quelques questions, en pagaille et en pleine décompression : " On a le droit de fumer ? " " Ben oui, c'est pas filmé ! " Entre boutades et éclats de rire, ces jeunes âgés de 17 à 21 ans me présentent leur groupe : " Pourquoi est-ce qu'on a fondé notre groupe ?! Chaque année, on nous demande ça... et on ne sait jamais ! ", rit Felix, le plus vieux. " Mais si, on a juste étudié chacun un cuivre au conservatoire pendant des années, et on est devenus une bande de potes, alors on a monté un groupe... " élude Max. " Cela fait longtemps qu'on joue dans la rue, on aime bien ! " continue Bérenger en riant. Quelle relation cultivent-ils avec les spectateurs ? " En fait, c'est très bref, ils écoutent en passant dans la rue, peu s'arrêtent, mais on joue au soleil et les gens profitent, c'est agréable. " Ils ont été " formés à la musique classique. Et Max et Bérenger sont sur la voie de la carrière professionnelle. Pas nous ! " résume Enguerrand.

" Moi, j'écoute un peu de classique. J'aime beaucoup certains morceaux, d'autres moins, comme en jazz ! Et j'adore les musiques de film " développe Félix. Un autre émet des réserves sur la démocratisation du classique : " Les places sont chères, et malheureusement ce sont un peu toujours les mêmes qui vont aux concerts... Le classique ne touche pas tous les publics " conclut-il.

Alors, si la musique classique n'est pas accessible à tous, les morceaux du groupe semblent être appréciés dans les rues de Saintes, au vu de l'ambiance que les jeunes jazzmen ont mis, et de l'oreille attentive que les passants leur prêtent sous le soleil !

Margot Douteau

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