Mara et le démon de feu, sorti le 6 juillet 2016, fait partie de ces œuvres, sorties en Direct-to-Vidéo, qui constituent l’exception faite à cette règle qui veut que l’audace soit rarement récompensée d’une sortie en salle. Cette aventure fauchée, digne des pires adaptations télévisuelles pour enfants, prendra certainement la place qui lui revient très rapidement dans les bacs à promotions des supermarchés discount, aux côtés des pâles imitations de Disney. Jouant sur tout les affects de l’adolescente lambda mal dans sa peau et en rébellion permanente, honteuse de ses parents, etc, etc, ce second film de Tommy Krappweis allie mauvais goût artistique et absence totale de volonté scénaristique.
Mara (Lilian Prent), une collégienne, vit seule avec sa mère Christa (Esther Schweins), amatrice de philosophie New-Age. Lorsqu’elle se met à avoir des visions, celle-ci les mets sur le compte de la puberté. Mais c’est pour Mara, le début d’une aventure fantastique qu’elle va vivre aux côtés du Professeur Weissinger (Jan Josef Liefers), spécialiste des mythes nordiques.
Mara (Lilian Prent)
Mara et le démon de feu, inspiré d’un triptyque écrit par le réalisateur lui-même, également romancier, ne peut donc pas être exonéré de sa vacuité par la mise en œuvre d’une adaptation qui aurait échappé à son auteur. On est très loin des séries de Noël qui ont bercés notre enfance à l’image de La caverne de la rose d’or, dont Lamberto Bava, auteur du Baiser macabre que l’on a chroniqué, il y a peu, fut l’orfèvre, cinq années durant. Il est entendu qu’il est difficile de renouveler un genre, la fantasy, qui est pénétrés de clichés et reprend souvent les mêmes trames et des personnages archétypaux. Encore, peut-on, à minima tenter d’y insuffler un semblant de souffle épique si l’inspiration n’est pas au rendez-vous. Ou encore, inviter au voyage en présentant des lieux insolites et nombreux de manière à étoffer l’univers. Il suffit souvent de peu pour que l’imagination du lecteur ou du spectateur fasse le reste du chemin pourvu qu’on lui fournisse quelques pistes. Mais Mara et le démon de feu se contente strictement du minimum syndical. Mara ne rencontre quasiment aucun personnage secondaire, hormis Loki (Christoph Maria Herbst) et sa femme Sigyn (Eva Habermann), dans la caverne ou le Dieu puni par son frère subit un supplice éternel.
Le Professeur Weissinger (Jan Josef Liefers)
Le récit souffre d’un manque cruel de profondeur et de caractérisation ne replaçant l’histoire de Mara dans aucune saga ou entreprise la dépassant, faisant fi de la notion de destinée, pourtant essentielle. Pire, si l’on y réfléchit bien, et c’est bien pour cela que l’on ne ressent aucune émotion, Mara et le démon de feu ne prend même pas la peine d’expliciter l’engagement de la jeune fille dans son aventure. Autrement dit, elle semble juste endosser un rôle sans jamais s’y investir de toute son âme. Elle-même ne semble pas s’identifier aux événements. Elle laisse la désagréable impression de faire ses devoirs de vacances. Les rares combats qui pourrait redonner une parure héroïque à l’histoire se conclut toujours par une résolution en forme de fuite. En plus de ces autres scories, Mara et le démon de feu souffre énormément d’un Némésis de pacotille, aussi charismatique que le Bibendum Chamallow de SOS Fantômes qui avait, lui au moins, le mérite de nous faire rire. On ne reprocherait même pas les effets spéciaux qui piquent les yeux si ceux-ci étaient compensés par des dialogues saisissant et des enjeux dramatiques plus présents mais le ton général de l’épopée est équivalent à cette désinvolture risible que l’on peut retrouver dans des séries comme Xena la guerrière où le personnage de Joxer sert de bouffon de service, tout comme le professeur Weissinger, annihilant toute velléités d’offrir un divertissement passionnant.
Mara (Lilian Prent) et Sigyn (Eva Habermann)
Mara et le démon de feu, déjà doté d’un scénario minimum dont on a vraiment du mal à imaginer qu’il est pu être un succès de librairie outre-Rhin, affublé, de plus, d’acteur aussi investis que s’ils tournaient une pub pour une lessive, est une pitrerie dispensable qui peinera à faire rêver même les plus jeunes.
Boeringer Rémy
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