Difficile de rivaliser. Je pense que nous risquons de payer aujourd’hui nos blocages et erreurs à répétition. Selon les plus récentes déclarations, peu d’établissements envisagent de rapatrier leurs équipes hors UK, mais c’est sans doute encore un peu trop tôt pour se prononcer. La Bourse anglaise a plutôt mieux résisté au Brexit que les places continentales. L’indice large UK a plus souffert que l’indice resserré nettement moins tributaire du marché britannique (plus lié aux valeurs matières premières). Les places boursières européennes ont davantage souffert, marquant bien le sentiment de défiance vis-à-vis de l’UE et plus particulièrement de la zone euro.
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A court terme, la principale conséquence est la montée des incertitudes provoquant une forte hausse des volatilités en général. La sortie de l’Angleterre est un choc important pour l’Europe et conduit à s’interroger sur la pérennité de la reprise en Zone Euro. Tous les acteurs ont privilégié la ZE depuis le début d’année à tort. Pris à contrepied ; les investisseurs doivent effectuer des réallocations dans leurs portefeuilles. De plus, les hedges funds restent présents et accroissent leurs positions contre le sterling. Les fondamentaux des entreprises vont reprendre le dessus mais il faut cependant être prudent et actionner des mécanismes de couverture de portefeuille par options, l’achat de dettes souveraines de bonne qualité faisant office de coffre-fort. Selon moi, ce Brexit est une chance à saisir car l’Angleterre a plutôt été un symbole et parfois un cheval de Troyes pour l’UE plus qu’un véritable partenaire. A toute chose malheur est bon, cela va clarifier les relations avec le UK renforcer l’axe France Allemagne qui semblait ces derniers temps se placer plutôt du côté Allemagne/ Angleterre. L’Europe telle qu’elle s’est faite ces dix dernières années n’a pas rempli ses missions. Les crises n’ont pas été évitées et la convergence en matière politique, fiscale, sociale, de défense, de R&D et d’éducation n’a pas abouti. Charge à nous d’exiger une Europe plus proche des peuples, moins castratrice, créant un élan de croissance grâce aux nombreux atouts disponibles.
Il s’agit de la zone la plus riche au monde, celle qui a un déficit publique moyen de seulement 2%, qui a une balance des paiements courants les plus excédentaires, un système de santé et de retraite parmi les plus évolués au monde, des infrastructures sans pareil et un système éducatif envié de tous. Il faut un président européen connu du grand public, présent, davantage de transparence au niveau des élus et moins de réglementation européenne dont les transpositions vont bien au-delà de nos règlementations nationales. Enfin « armer » la Banque européenne d’investissement (BEI) de tous les moyens dont elle dispose pour redéployer des projets d’avenir tels que les énergies propres, les autoroutes de l’information, une informatique européenne, le stockage de l’énergie, les biotechnologies etc. Tout ce qui fait et fera les emplois de demain.
A propos de l'auteur : Daniel Gerino est président et directeur de la gestion de Carlton Sélection et stratégiste d’Intersélection.