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​Brexit : une chance à saisir pour refonder l’Europe

Publié le 07 juillet 2016 par Vincentpaes
Crédit : Brexit par Shutterstock Crédit : Brexit par Shutterstock Crédit : Brexit par Shutterstock La sortie de l’UE va retirer de facto aux banques la possibilité de traiter l’euro, elles devront donc se retourner vers une place éligible et de mon point de vue Dublin pourrait servir de base arrière aux établissements concernés. Ils bénéficieraient ainsi d’un environnement anglo-saxon, d’une stabilité fiscale et d’un taux d’IS tout aussi avantageux. Le risque pour la France est de passer à côté d’une opportunité historique. Mais comment être attractif quand on déclare « mon ennemi c’est la finance », quand la fiscalité est aussi forte, quand l’environnement fiscal est changeant et quand le pays se crispe (et bloque les transports) à chaque évolution nécessaire.

Difficile de rivaliser. Je pense que nous risquons de payer aujourd’hui nos blocages et erreurs à répétition. Selon les plus récentes déclarations, peu d’établissements envisagent de rapatrier leurs équipes hors UK, mais c’est sans doute encore un peu trop tôt pour se prononcer. La Bourse anglaise a plutôt mieux résisté au Brexit que les places continentales. L’indice large UK a plus souffert que l’indice resserré nettement moins tributaire du marché britannique (plus lié aux valeurs matières premières). Les places boursières européennes ont davantage souffert, marquant bien le sentiment de défiance vis-à-vis de l’UE et plus particulièrement de la zone euro.
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Depuis le 23 juin, le véritable danger pourrait être une anticipation excessive d’un déplacement du centre de gravité financier hors UK, provoquant une chute de l’immobilier donc de l’effet richesse qui provoquerait une déflagration sur la croissance. Le « worst case scenario » pourrait être une chute plus marquée du sterling, une intervention de la BOE qui relèverait ses taux pour soutenir le Sterling, provoquant un surcout immédiat pour l’ensemble des ménages anglais qui sont déjà fortement endettés. S’en suivrait une panne de la consommation et donc la récession. Nous ne croyons pas à ce scénario. Le marché a rapidement réalisé que la sortie de la Grande Bretagne ne se ferait pas rapidement, laissant le temps aux politiques et à la Commission européenne d’envisager le schéma le moins pénalisant pour l’UE.

A court terme, la principale conséquence est la montée des incertitudes provoquant une forte hausse des volatilités en général. La sortie de l’Angleterre est un choc important pour l’Europe et conduit à s’interroger sur la pérennité de la reprise en Zone Euro. Tous les acteurs ont privilégié la ZE depuis le début d’année à tort. Pris à contrepied ; les investisseurs doivent effectuer des réallocations dans leurs portefeuilles. De plus, les hedges funds restent présents et accroissent leurs positions contre le sterling. Les fondamentaux des entreprises vont reprendre le dessus mais il faut cependant être prudent et actionner des mécanismes de couverture de portefeuille par options, l’achat de dettes souveraines de bonne qualité faisant office de coffre-fort. Selon moi, ce Brexit est une chance à saisir car l’Angleterre a plutôt été un symbole et parfois un cheval de Troyes pour l’UE plus qu’un véritable partenaire. A toute chose malheur est bon, cela va clarifier les relations avec le UK renforcer l’axe France Allemagne qui semblait ces derniers temps se placer plutôt du côté Allemagne/ Angleterre. L’Europe telle qu’elle s’est faite ces dix dernières années n’a pas rempli ses missions. Les crises n’ont pas été évitées et la convergence en matière politique, fiscale, sociale, de défense, de R&D et d’éducation n’a pas abouti. Charge à nous d’exiger une Europe plus proche des peuples, moins castratrice, créant un élan de croissance grâce aux nombreux atouts disponibles.

Il s’agit de la zone la plus riche au monde, celle qui a un déficit publique moyen de seulement 2%, qui a une balance des paiements courants les plus excédentaires, un système de santé et de retraite parmi les plus évolués au monde, des infrastructures sans pareil et un système éducatif envié de tous. Il faut un président européen connu du grand public, présent, davantage de transparence au niveau des élus et moins de réglementation européenne dont les transpositions vont bien au-delà de nos règlementations nationales. Enfin « armer » la Banque européenne d’investissement (BEI) de tous les moyens dont elle dispose pour redéployer des projets d’avenir tels que les énergies propres, les autoroutes de l’information, une informatique européenne, le stockage de l’énergie, les biotechnologies etc. Tout ce qui fait et fera les emplois de demain.

A propos de l'auteur : Daniel Gerino est président et directeur de la gestion de Carlton Sélection et stratégiste d’Intersélection.

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