Défense: la NSA de Nicolas Sarkozy

Publié le 17 juin 2008 par Juan

Devant quelques 3.000 militaires, gendarmes, policiers et responsables de la sécurité civile réunis Porte de Versailles à Paris, Nicolas Sarkozy a détaillé sa position, mardi 17 juin, sur la réforme de l'armée française, à l'occasion de la publication d'un "Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale."
Le Président n'a pas insisté sur les quelques 54 000 suppressions de postes évoquées ces derniers mois. Les effectifs des armées passeront de 271.000 à 224.000 personnes (-47.000) avec, en première ligne l'armée de l'air (-24%), suivie de l'armée de terre (-17%) et de la marine (-11%).
"Dans mon esprit l'armée, ça assure la sécurité de la nation, pas l'aménagement du territoire (...) Je sais parfaitement qu'avec le Premier ministre et le ministre de la Défense, nous serons confrontés à des manifestations, il y a des protestations", (...) "Nous allons être inventifs pour compenser la fermeture ou le transfert des implantations militaires" (source).

Sarkozy maître-espion
Comme l'écrit Nicolas Domenach dans Marianne2.fr, Nicolas Sarkozy se veut "maître-espion." Il privilégie le renseignement, une exigence réaliste. "La menace immédiate est celle d'une attaque terroriste" a expliqué le Président. Mais il va le rattacher à la Présidence. L'argument de la menace extérieure pour justifier le contrôle présidentiel total sur cette partie des armées s'inspire directement du modèle américain. Là-bas, le Président dispose de la fameuse National Security Agency (NSA). En France, Sarkozy entend regrouper dans une nouvelle direction centrale du renseignement intérieur les services concernés du ministère de l'intérieur. S'ajouteront le renseignement militaire, et notamment spatial et informatique, dont les moyens seront renforcés.
""J'ai décidé un effort massif d'investissement sur le renseignement, notamment d'origine spatiale, qui bénéficiera aussi bien à la décision politique qu'aux chefs militaires"
La nouvelle direction du renseignement
L'affectation des anciens membres des Renseignements Généraux au sein de cette nouvelle Direction fait déjà l'objet d'une reprise en main, d'après le site Bakchich.info.
Alors qu’une « CAP de mutation », c’est-à-dire une réunion entre l’administration du ministère de l’Intérieur et les syndicats de police, se tient le 19 juin pour décider de l’affectation de plusieurs centaines d’anciens membres des RG et de la DST dans de nouveaux postes a la direction du Renseignement intérieur (DCRI), au moins une centaine de flics n’ont pas trouvé le point de chute demandé (...).Bref, des recours juridiques sont en préparation, mais les flics se rendent compte qu’un moyen tout simple a été trouvé par la direction pour se débarrasser de ceux qu’elle ne veut pas : leur retirer leur habilitation secret-défense. En effet, chaque membre de la nouvelle DCRI doit être habilité. Un refus d’habilitation n’a pas à être justifié et ne peut faire l’objet de recours. Un officier privé du sésame ne peut même pas pénétrer dans les locaux de la DCRI, à Levallois… Plusieurs cas sont déjà dénoncés par les syndicats.

Le budget de la défense va augmenter

On aurait pu croire que ces réductions d'effectifs appelaient une baisse du budget. Que nenni ! Le budget de la Défense progressera à partir de 2012. Nicolas Sarkozy s'est engagé à consacrer 377 milliards d'euros aux armées d'ici 2020, dont 200 milliards pour l'équipement de leurs forces.
"Les réformes que j'ai confiées à Hervé Morin, c'est 3 milliards d'euros de plus par an pour l'équipement des forces. C'est quelque chose, quand même, 3 milliards d'euros par an, c'est une hausse de près de 20% des crédits d'équipement (...) ce n'est pas du luxe"

L
'une des principales annonces de Nicolas Sarkozy, expliquant cet effort remarqué, est le lancement d'un système d'alerte contre les missiles balistiques, "la première brique d'un bouclier antimissile."
La France rejoint l'OTAN
Nicolas Sarkozy a confirmé que la France rejoindrait prochainement le commandement militaire intégré de l'Otan, sans perdre son autonomie nucléaire.
"La France est un allié indépendant, un partenaire libre. Les principes posés en son temps par le général de Gaulle, je les fais miens : la France gardera en toutes circonstances une liberté d'appréciation totale sur l'envoi de ses troupes en opération"
Commentaire : c'est une évidence que le renseignement compte désormais davantage que le nombre de divisions blindées alignées sur un champs de bataille. On ne critiquera pas ce point. En revanche, que le Président entend ramender à son pouvoir personnel l'intégralité du renseignement, y compris intérieur, est... inquiétant. Le Président doit-il se mêler personnellement de l'espionnage anti-terroriste ?