Louis  de  Funès

Publié le 08 juillet 2016 par Dubruel
D'après par J.J Gautier " Deux fauteuils d'orchestre "

Il cligne des yeux, abaisse un sourcil,

En hisse

Un autre jusqu'à la racine des cheveux.

Il grimace comme un dieu,

Feint les fureurs comiques,

Accumule les mimiques,

Multiplie

Des airs courroucés, rageurs, ahuris.

Il distord un masque qui semble en caoutchouc,

Se mord les lèvres, évase les trous

De son nez,

Parait monté sur ressorts,

Invente des tics,

Et tape du pied.

Des déclics

Commandent son crâne dégarni et blanc.

Il s'enfonce un doigt jusqu'au tympan,

Se frotte les yeux,

Qu'il est drôle, mon dieu !

Il se frictionne les narines,

Fait mine

D'essuyer une larme,

Renifle, fait du vacarme.

Bredouille, se gratte le cou,

Donne, avec les pieds, des coups

Dans le vide,

Se frotte le bide,

Tord sa lèvre, la mange.

Il pianote, serre

Et desserre

Ses phalanges.

Il frémit,

Tourne la tête à demi

Pivote, sautille,

Se tortille,

Faussement furibond,

Il prend la pose, façon Napoléon,

Puis titube, chancelle,

Joue du violoncelle,

Se rattrape, se plie.

C'est de la frénésie !

Il touche au grandiose.

C'est une apothéose !