L’air de rien en alignant une équipe Coupet – Evra, Abidal, Gallas, Clerc – Ribéry, Makélélé, Toulalan, Govou – Benzema, Henry Domenech suit l’opinion publique, ou du moins des médias, qui lui réclame cette équipe depuis six mois pour les plus visionnaires, depuis trois jours pour le commun des mortels.
Astérix disait ne craindre qu’une seule chose, que le ciel lui tombe sur la tête. En bon gaulois, on peut assurer qu’entre la blessure de Ribéry (qui avait l’air en forme), le penalty (certes incontestable) et l’expulsion d’Abidal (difficilement contestable, désolé messieurs Leboeuf et Roland), le tout en moins de 25 minutes de match, c’est bien ce qui est arrivé. Il était guère envisageable d’imaginer pire scénario catastrophe.
Ce qui est regrettable, c’est que le débat sur les raisons de ce retour prématuré à la maison pour les Français sera plombé par les « et si » de Ribéry, du penalty, de l’expulsion d’Abidal, de l’arbitrage, de la liste des 23 et bien sûr de la légitimité de Domenech. La prestation de Lubos Michel ayant été (certes pas terrible) ébranlé par la paire Roland – Le Bœuf comme aux plus belles heures de TF1 : « Il ne siffle que dans un sens », « il a choisi son camp », « c’était déjà ça à la finale de la ligue des champions »…
Alors voilà, l’équipe de France part en vacances dès la phase de poule de cet Euro 2008 et c’est même pas comme si, l’espace d’un instant, une qualification pour les quarts de finale eut été envisageable. Le 0-0 contre la Roumanie a peut-être plombé d’entrée le parcours des Français, la déroute contre les Pays-Bas (4-1) a fait gagner le scepticisme et la défaite contre l’Italie (la première dans le temps réglementaire depuis 1978) confirmer le tout.
Le débat s’orientera au fur et à mesure sur le psychodrame autour de la blessure de Patrick Vieira, de la compétence de Raymond Domenech, du manque de fraîcheur des cadres (Thuram, Sagnol, Malouda, Vieira, Henry), de l’arbitrage (parce qu’il aura forcément un tort pour l’homme en noir). Le fait est que l’équipe de France a été mauvaise durant ce mois juin et la voir aller plus loin avait un côté irrationnel.
Faut-il pour autant tout envoyer en l’air ? Makélélé et Thuram ont d’ores et déjà annoncé leurs retraites internationales, Raymond Domenech est sous contrat jusqu’après la Coupe du Monde 2010. Mais la FFF a les moyens de se séparer de Domenech sans mettre ses comptes dans le rouge. Le fait est qu’hormis Thuram et Makélélé (et Coupet), le sélectionneur n’en a pas fini avec cette génération de joueurs qu’il connaît bien. La réciproque est-elle encore d’actualité ? La blessure de Ribéry et l’expulsion d’Abidal pourrait accorder le bénéfice du doute au sélectionneur.
Toujours est-il que l’on retiendra que l’équipe voulu par l’opinion publique a volé en éclats face à des champions du monde qui iront en quart de finale après avoir été virtuellement éliminé l’espace de deux minutes lorsque les Roumains avaient ouvert le score par Adrian Mutu avant l’égalisation de Panucci (1-1). Si on ajoute à cela le penalty arrêté dans le même match par Buffon, l’on se demande si l’Italie n’est en syndrome coupe du Monde 1982. Se qualifier pour la seconde phase de poule de la compétition après trois matches nuls dans la première contre la Pologne (0-0), le Pérou (1-1) et le Cameroun (1-1) pour finalement remporter l’épreuve contre la RFA (3-1). Rééditer un tel exploit devra passer dès dimanche contre l’Espagne puisque les coiffeurs hollandais ont disposé de Roumains (2-0) qui avaient leur destin entre leurs crampons et qui avaient pris 4 points aux oranje lors des qualifs.