Les changements climatiques exacerbent les phénomènes naturels comme El Niño et leurs impacts extrêmes exigent plus « d’adaptation » dans les pays les plus vulnérables. Pour mieux comprendre ce qu’est le phénomène El Niño et ses conséquences concrètes sur les familles aux quatre coins de la planète, Action contre la Faim a réalisé un site Internet : « 60 millions : les oubliés d’El Niño ».
Hier, à Rome, l'Envoyé spécial des Nations Unies sur El Niño et le climat, Macharia Kamau, a alerté la communauté internationale sur son incapacité à s’adapter à la «nouvelle normalité» et à l'augmentation des urgences liées au climat telles qu’El Niño et sur le fait que des années de mauvais investissements et de manque de préparation vont empêcher la réalisation des objectifs mondiaux de développement (ODD). Il a rappelé que les changements climatiques amplifient l’impact des phénomènes météorologiques extrêmes comme El Niño et exigent une réponse beaucoup mieux financée et intégrée.
Un serial affameur
Ils sont au moins 60 millions à travers le monde à souffrir des conséquences directes d’El Niño : 10,2 millions de personnes en Ethiopie, 4,9 millions en Somalie, 3,6 millions en Haïti, près de 3 millions au Zimbabwe et au Malawi ou encore 1,5 million au Guatemala et au Honduras…. . Pourtant ce phénomène n'a rien d'exceptionnel, il est naturel et bien connu des météorologues et ses conséquences peuvent être anticipées. Il peut provoquer des catastrophes naturelles telles que des inondations, des sécheresses et des cyclones. Les premiers à en souffrir sont les plus vulnérables. Dans les zones les plus touchées les équipes d’ACF voient augmenter la fréquentation des centres nutritionnels. Ce sont par exemple 1 million d’enfants de moins de 5 ans qui souffrent de malnutrition aigüe sévère en Afrique Australe et Afrique de l’est.
Si cet épisode d’El Niño est bien le pire depuis 50 ans, il n’est pas le dernier (le phénomène est récurrent, revient tous les 3 à 7 ans) et même s’il est officiellement terminé, ses effets se feront encore sentir pendant des mois. ACF intervient dans de nombreux pays auprès des populations affectées. Les équipes fournissent des rations alimentaires, de l’eau potable, du fourrage pour maintenir le cheptel restant. Les équipes répondent également à la crise nutritionnelle en prenant en charge les enfants atteints de malnutrition aigüe sévère dans ses centres de santé.
Les 60 millions d’oubliés des plans de financement internationaux
Mais la réponse parait dérisoire, face à l’ampleur des besoins. Faute de financements de la part des bailleurs internationaux et de mécanismes de réponse suffisamment réactifs au niveau des gouvernements, la crise n’a pu être évitée. En effet, la réponse aurait dû être mise en place dès les premiers symptômes, afin de protéger les populations et leur éviter de s’enfoncer dans le cercle vicieux de l’endettement, de la pauvreté et de la faim. Il n’est pas trop tard pour apporter de l’aide aux victimes et leur permettre de s’adapter : 2,2 milliards € et des engagements politiques immédiats permettraient d’éviter que la situation des familles ne se dégrade plus encore et qu’il y ait de nouvelles victimes.
« 60 millions : les oubliés d’El Niño » : Simple et pédagogique - le site réunit cartes, témoignages, analyses pays… - cet outil souhaite rappeler qu’au-delà du phénomène météorologique effrayant et complexe se trouve souvent la faim et que des millions de victimes auraient pu être évitées si la volonté politique avait été à la hauteur.
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