89 mois de Caroline Michel 3,75/5 (18-06-2016)
89 mois (282 pages) est disponible depuis le 4 mai 2016 aux Editions Préludes.
Blog de l’auteure ici
L’histoire (éditeur) :
"J'ai trente-trois ans, ça y est. A quarante ans et des poussières, mon corps sera hors jeu. Il me reste donc sept grosses années pour faire un enfant, soit quatre-vingt-neuf mois. Un chiffre minuscule. A peine deux mille sept cents jours. Que peut-on faire en deux mille sept cents jours ? Rien. J'en ai déjà mis cinq à construire trois meubles Ikea." Jeanne, célibataire, contrôleuse de train sur la ligne Paris-Auxerre, n'a qu'une obsession : devenir maman avant que le temps la rattrape. Elle a fait une croix sur le couple, il lui faut simplement un géniteur. Sa décision ne fait pas l'unanimité auprès de ses amis, et, même si parfois elle doute, elle est déterminée à surveiller son cycle, à provoquer les rencontres, à boire des potions magiques et à lever les jambes après chaque rapport, sait-on jamais.
Mon avis :
Roman dans l’air du temps, 89 mois, sous ses airs un peu chick lit, cache un fond sérieux sur le désir de maternité et les difficultés qui peuvent être rencontrées dans l’aboutissement d’être parents (qu’il s’agisse de couple ou de mère célibataire).
On pourra être choqué par l’attitude de l’héroïne Jeanne qui, obnubilée par cette envie folle de devenir maman, est prête à tout pour arriver à ses fins mais on est bien ici dans de la fiction et Caroline Michel est loin de vouloir faire de son personnage un exemple (une image de femme libérée) ou bien de vouloir transmettre quoi que ce soit. En vérité, elle démontre seulement ici que lorsque le désir (transformé là en besoin) de maternité est si fort, les moyens ne comptent plus, seul le but est présent et devient alors une obsession.
Et effectivement, Jeanne est ici prête à s’embarquer dans beaucoup de chemins : insémination artificielles e Espagne (puisqu’en France elle ne rentre pas dans les bonnes cases pour en bénéficier) , « histoire d’un soir » sans capote (ouille-ça fait grincer des dents mais bon…)…
Ainsi, l’auteure aborde la question du célibat dans le cheminement de la parentalité (et sa légitimité) et sans tomber dans les clichés ni être moralisatrice (et encore moins féministe), elle montre combien le regard des autres peut être pesant (voir critique) dans notre société faite de modelés imposés.
J’ai passé un excellent moment aux cotés de Jeanne. Loin d’être seulement un combat et un compte à rebours pour être mère, 89 mois (temps restant à la protagoniste avant t’atteindre 40 ans et pour mettre au monde son bébé), et aussi une tranche de vie d’une trentenaire qui se retrouve seule. Entre amour, amitié, famille, jogging, job et bébé, Caroline Michel nous embarque dans un histoire touchante, drôle et pétillante.
En bref : 89 mois est un roman très actuel porté par un style très dynamiques et pertinent, par une héroïne sympa et touchante (même sans être forcément d’accord avec ses choix) et une foule de personnages secondaires esquissés avec panache.