"Tout est possible en Amérique", dit un discours d'Obama. C'est ce que pense l'Américain. Je me demande si, depuis qu'elle a gagné la guerre, la soft power américaine n'a pas pour seul objet de nous pénétrer de cette idée. (Et si 68, et la déroute de De Gaulle, n'est pas une manifestation de sa réussite.)
Un monde sans entrave est bon pour l'économie. Je veux consommer de plus en plus, et donc produire de plus en plus. Paradoxe : vouloir gagner plus c'est devoir travailler plus. Refuser les limites, c'est devenir un esclave. Aliénation aurait dit Marx. Mais aliénation du grand nombre au profit de ceux qui tiennent les ficelles du dispositif.
Et c'est peut-être pour cela que les Limites à la croissance, le rapport du Club de Rome, ont été si mal reçu aux USA. Ses rédacteurs avaient frappé au principe même de la culture américaine. Et ce principe n'est pas la croissance, mais le fait que tout soit possible. Qu'il ne faille rien se refuser.
(Un journaliste au porte-parole de George Bush : « Est-ce que le président pense que, vu le
niveau de consommation d’énergie de l’Américain – très supérieur à celui des
autres nations – est-ce que le président pense que nous devons modifier notre
mode de vie ? » Réponse : « Absolument pas. Le président pense que c’est le mode de vie américain,
et que la mission du gouvernement est de protéger le mode de vie américain. Le
mode de vie américain est sacré. » Billet.)