Equipe de France : fiasco, mode d’emploi

Publié le 18 juin 2008 par Journalsudouest

BILAN. Deux ans après avoir disputé la finale du Mondial, l’équipe de France sort par la toute petite porte de cet Euro. Ce n’est malheureusement pas une surprise. Pourquoi les Bleus en sont arrivés là ?

Comme on le redoutait, le miracle n’a pas eu lieu, hier soir dans le Letzigrund de Zürich. L’équipe de France est éliminée de l’Euro 2008 sans gloire au terme d’une phase de groupe qu’elle n’aura jamais maîtrisée, encore moins dominée. Elle quittera, cet après-midi, son lieu de résidence sis sur les hauteurs de Vevey tête basse pour rentrer en France.
Un retour sous les lazzis, deux ans après avoir quitté la finale de Berlin sous les applaudissements et les larmes. Ainsi va la vie d’une sélection capable du meilleur comme du pire. On pourra toujours accuser les joueurs, notamment les cadres, de ne pas avoir rempli leur mission. C’est certain. Encore eut-il fallu qu’ils soient à 100 % de leurs moyens physiques.

Des erreurs de casting trop nombreuses


À ses débuts, Raymond Domenech affirmait que pour être sélectionnable, il fallait jouer avec son club régulièrement et être en pleine possession de ses capacités athlétiques. Quatre ans après ce beau discours, il a agi à l’inverse pour sélectionner ses 23. Il s’en est tenu au fonctionnement des deux dernières saisons : maintenir coûte que coûte la confiance aux cadres sans tenir compte de leurs blessures, de leur méforme, de leur faible utilisation en club et sans jamais offrir sa chance à une relève prête à élever le niveau de concurrence.
C’est ainsi que Mexes, Sagna, Alou Diarra, Flamini ont été sacrifiés. Et ce n’est pas leur faible temps de jeu sous la tunique frappée du coq qui peut déterminer s’ils avaient ou non le niveau. Le postulat de départ est qu’il ne l’avait pas. Regrettable.

Une affaire Vieira bien encombrante


À la veille de France-Italie, l’habituel capitaine tricolore s’est pointé en conférence de presse pour stigmatiser le mauvais diagnostic du staff médical au sujet de sa blessure à la cuisse. Peut-être mais depuis deux ans, Vieira passe plus de temps dans les salles de soins que sur les terrains. Ne pouvait-on pas anticiper un éventuel forfait au lieu de croire sans cesse au miracle médical. La présence d’un Alou Diarra, auteur d’une belle saison avec les Girondins, n’aurait-t-elle pas été plus utile au groupe ? Il existe trop de sujets d’incompréhensions pour que l’accumulation des erreurs, des maladresses ne retombe pas sur le dos de Raymond Domenech. Vieira est un joueur de cristal que le moindre choc provoque des dégâts considérables. Tout le monde le savait. A priori.

Des conflits entre générations inéluctables


La vie sociale des 23 n’a pas été tranquille, tous les jours, dans leur nid d’aigle de l’hôtel Mirador. Reclus dans un isolement total, ce que n’a guère apprécié le président de la FFF, Jean-Pierre Escalettes, les lendemains de contre-performances n’ont, semble-t-il, pas été chaleureux. Des rappels à l’ordre des anciens ont été nécessaires. Ainsi, Makélélé a vertement tancé Benzema, mécontent de son sort lors de France-Pays-Bas où il n’est pas entré en jeu. Thuram et Vieira s’en sont pris à Lassina Diarra et Nasri persuadés que leur entrée en jeu n’aurait pas été inutile. Des petits conflits qui pèsent forcément sur la vie d’un groupe, surtout en cas de contre-performances. Dès lors, le lien entre les générations se distend. Des inimitiés, des jalousies naissent et, à un moment donné, tout le monde ne tire plus dans le même sens. Dans ce domaine aussi, le patron des Bleus n’a rien anticipé.

Tâtonnement permanent et coaching défaillant


Lorsqu’un entraîneur ne parvient pas à aligner la meilleure équipe possible, il peut s’égarer ou se tromper sur un ou plusieurs matches. Un sélectionneur ne peut se permettre une telle gabegie. Car lors d’une phase finale, il n’y a que trois essais. Et le moindre écart conduit à la catastrophe. Contre la Roumanie, Domenech a composé un onze dont le souci permanent fut surtout de ne pas encaisser de but. Difficile de remporter un match avec un tel état d’esprit. Conscient de sa maladresse, il a tenté de rectifier le tir face aux Pays-Bas. Et la France est passée d’un total hermétisme aux portes grandes ouvertes.
Fort heureusement, le ridicule ne tue pas. Quand au coaching du sélectionneur, il ne suscite qu’incohérences et défaillances. Au lieu d’apporter de la fraîcheur sur les côtés face à la Roumanie, il s’est contenté de changer poste pour poste les deux attaquants et d’obliger Nasri, meneur axial, à s’excentrer sur la droite. Face aux Pays-Bas, il préfère Gomis en point de fixation que Benzema, vif, dribbleur et perforateur.
Oui, il était temps que ce tournoi s’achève pour l’équipe de France.
Alain Goujon envoyé spécial