Les Deplaude de Tartaras : un nom de domaine sortant de l'ordinaire, excitant l'imaginaire (le desert des Tartares, Tartarin de Tarascon... ) et pourtant d'une simplicité presque désarmante : le nom des vignerons ... et celui de leur commune.
Les Deplaude, donc, c'est Anne et Pierre-André. Et ils habitent à Tartaras. Comme les Mondon dans le proche Forez ou Jean-Bernard Larrieu à Jurançon, ils étaient éleveurs et producteurs laitiers, tout en ayant quelques arpents de vigne. Au début des années 2000, quand le prix du lait s'est mis à baisser, ils se sont dits que la vigne pourrait assurer des meilleurs revenus. Dès 2008, ils se convertissent au bio, et l'année suivante à la biodynamie.
J'ai déjà évoqué les Coteaux du Gier lors de la visite chez Guy Bonnand. Pour l'instant, cette "appellation" entre Loire et Rhône n'existe pas officiellement. Les quelques vignerons qui essaient de la faire revivre doivent se contenter de l'IGP Collines rhodaniennes. Ce qui n'est pas totalement satisfaisant, car leur terroir schisteux est bien spécifique, ainsi que leur encépagement, autant tourné vers le nord que le sud : Gamay, Syrah, Chardonnay, Clairette et Viognier. Sans parler des cépages qu'ils essaient de réhabiliter comme le Chouchillon et le Mornin.
Pour une question de timing, nous n'avons pas fait de visite du domaine. Nous nous sommes contentés de déguster. Et ma foi, cela a suffi pour en faire un pur moment de bonheur.
Les yeux fermés 2015 (Roussanne, Jacquère, Viognier) : nez fin, pur, floral. Bouche tendue, traçante, avec de la fraîcheur et de l'élégance. Finale dans la continuité. Belle entrée en matière !
Poussière d'étoile 2015 (Chardonnay, Viognier) : nez plus discret. Bouche plus minérale, plus tendue, mais un peu strict. Il est nécessaire d'attendre...
Corde sensible 2014 (Viognier): nez fin et frais, et en même temps expressif, sur l'abricot, la pêche et la violette. Bouche pure, étincelante, du cristal liquide ! Rarement j'ai bu un Viognier d'une telle fraîcheur (rebu le soir sur Saint-Etienne, il m'a paru plus lourd, mais il avait eu chaud dans la voiture...). Ces sols de schistes donne à ces blancs de faux airs de Riesling mosellan. Superbe.
Le monde à l'envers 2014 (Ravat 6, Clairette, Viognier) : nez plus riche, avec une touche fumée. Bouche longue, pure, intense, plus dense que le vin précédent. Finale aromatique dominée par le Viognier. Très bon.
Le monde à l'envers 2015 : nez plus aromatique, mais plus frais, aussi. Bouche plus fraîche et plus minérale que le 2014. Paradoxalement, la finale est plus riche, avec un côté un peu alcooleux. Pas encore en place ?
Nous passons aux rouges.
Hop'la 2014 (Gamay) : nez très fin sur les fruits rouges/noirs et les épices. Bouche pure et élégante, au toucher soyeux, avec ce côté traçant du schiste qui évoque Faugères, mais qui pourrait aussi passer pour du Pinot noir. Jamais bu un Gamay qui avait cette finesse tactile.
Ciel d'orage 2015 (Gamay - Syrah - Pinot noir) : plus dense que le précédent. Prometteur mais pas en place.
Tout compte fait 2015 (Pinot noir - Syrah) : nez gourmand, très friandise. Bouche démarrant toute en rondeur, puis ça se durcit. A attendre.
La chanse 2014 (Syrah) : nez superbe sur les fruits noirs frais, la violette, le poivre blanc. Bouche élancée, tendue par un fil invisible, avec une matière soyeuse, d'une grande pureté de fruit. Finale expressive, épicée, sans le moindre durcissement. 'tain que jaime ça !
La bonne nouvelle, c'est que les prix sont des plus abordables :
Merci à Anne pour l'accueil !