Deux nouvelles caméras vont être installées à la Victoire et au Miroir d’eau portant à 15 le nombre de caméras en ville. Dispositif préventif et dissuasif ou manière de déplacer les problèmes ?
Plus question de faire son tour de quad sur le miroir d’eau à Bordeaux. La mairie n’a toujours pas digéré l’incident qui s’est déroulé début mai et qui a causé d’importantes dégradations sur le miroir d’eau et occasionné des dépenses importantes pour le remettre en état. Aussi, afin qu’un tel acte de vandalisme ne se reproduise pas, la mairie a décidé de procéder avant la fin de l’été à l’installation d’une nouvelle caméra de vidéosurveillance. Treize caméras ont déjà été mises en service dans le cadre de la politique de prévention de la délinquance engagée par la municipalité, dix dans le quartier de Paludate, une à la Victoire, une place Gambetta et une autre place du Général-Sarrail. Une nouvelle caméra sera également installée dans un autre point chaud de la ville, rue Elie-Gintrac dans le quartier de la Victoire. Pour Jean-Louis David, adjoint au maire, ce dispositif s’appuie sur des résultats probants et se veut avant tout dissuasif. Une position qui est loin de faire l’unanimité. «Ces moyens de surveillance soulèvent un problème de fonds car ce sont les libertés individuelles qui sont bafouées par ces installations», assure Nathalie Victor-Retali (PC). «De plus, par ces méthodes, on ne fait que déplacer les problèmes sans jamais les régler». Un point de vue partagé par Matthieu Rouveyre (PS) qui parle «d’effet plumeau». «On déplace les problèmes de délinquance mais on ne s’attaque pas aux causes de cette délinquance donc elle va forcément se développer ailleurs». Mais pour Alain Juppé il n’en est rien. «Si ça déplace le problème, c’est bien que c’est efficace là où ça existe», souligne ironiquement le maire qui estime que le dispositif a fait ses preuves et que l’opposition a une vision archaïque de ce dossier. Mais si la pilule est difficile à avaler pour l’opposition, c’est aussi parce que le dispositif coûte cher. Ainsi, 170 000 € HT seront nécessaires pour l’achat et la mise en place des deux caméras. Une dépense qui devrait être couverte à 50% par une subvention de l’État. «Non seulement nous mettons le doigt dans un engrenage qui va consister à couvrir à terme l’ensemble du territoire communal par des caméras de vidéosurveillance mais en plus, ces caméras suppléent les services de police et s’opère alors un transfert de charge de l’Etat au détriment de la collectivité locale», s’insurge Pierre Hurmic (Vert). «Dans cette opération, l’Etat est à moitié exonéré de ses obligations en matière de sécurité publique».
Stella Dubourg