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L’énigme Stefan Zweig

Par Mickabenda @judaicine
Stefan Zweig

Stefan Zweig, Adieu l’Europe est un film réalisé par Maria Schrader, qui sortira sur les écrans français le 10 août prochain

Dans ce film, la réalisatrice allemande revient sur l’exil de l’écrivain autrichien, qui devant fuir la montée du nazisme dans son pays, quitte définitivement le continent européen en 1936, après s’être d’abord réfugié à Londres en 1934.
Lors de cet exil, il passera par Rio de Janeiro, Buenos Aires, New York et Metropolis. Mais dans ses valises, l’écrivain porte le poids de l’Europe et du sort qui commence sévèrement à frapper les Juifs.

Rencontre avec la réalisatrice Maria Schrader et le scénariste Jan Schomburg


Comment vous êtes-vous intéressés à Stefan Zweig ?


Maria Schrader : En 2011, j’ai rencontré le producteur français Denis Poncet, malheureusement décédé depuis, auquel le film est dédié. Il avait vu Vie amoureuse et m’avait proposé de faire un film sur Stefan Zweig dont il appréciait l’œuvre et qui compte toujours parmi les auteurs les plus lus en France. Je me suis particulièrement intéressée aux dernières années de la vie de Stefan Zweig. On peut lire ce passage de sa biographie comme un récit allégorique de l’exil. Il avait échappé à la guerre, mais était hanté par elle. Il ne pouvait s’empêcher d’imaginer ce qui se passait à l’autre bout du monde. Cette empathie et cette sensibilité témoignent des qualités humaines qui ont contribué à sa gloire d’écrivain, mais causèrent sa perte.
Jan Schomburg : Nous trouvions formidable l’idée de réaliser un film sur l’Europe dont l’action se passe hors de l’Europe. Le dilemme insoutenable que vit Zweig nous a interpellés : comment peut-on s’accommoder d’une vie agréable, dans un paradis tropical, sans aucun souci d’argent, en sachant que pendant ce temps l’Europe sombre, et que ses amis et ses proches se font assassiner ?
Maria Schrader : Imaginer cet homme qui vit en permanence entre deux univers, dont les yeux regardent un paysage, mais qui au fond de lui en voit un autre totalement différent, cela fait naître plein d’images.

Comment avez-vous été amenés à travailler ensemble ?


Maria Schrader : Nous avions déjà collaboré sur Lena que Jan a réalisé. Je n’étais que comédienne mais nous avions beaucoup parlé du scénario, des scènes, nous nous comprenions très bien. J’ai demandé à Jan s’il avait envie de se lancer dans des recherches. Il y avait tant à explorer avant d’écrire la moindre phrase. Seul, aucun de nous n’aurait osé se lancer, mais ensemble c’était formidable.
 Il existe une vaste littérature autour de Stefan Zweig : ses écrits, et les récits de ses contemporains, ainsi que des travaux de recherches universitaires.

Comment avez-vous travaillé et qu’est-ce qui s’est avéré le plus utile pour l’écriture ?


Jan Schomburg : Au fil du temps, on devient aussi méticuleux qu’un détective et l’on veut toujours en savoir plus sur les périodes qui nous intéressent. Nous avons cherché longtemps le compte-rendu du congrès du PEN club qui s’est tenu à Buenos Aires en 1936. Nous avons contacté les universités, les bibliothèques et les PEN clubs du monde entier et finalement, nous avons trouvé une copie en espagnol, à la bibliothèque municipale de Berlin. C’était comme pénétrer dans le tombeau de Toutankhamon. Nous avons trouvé tous les textes que nous cherchions, notamment Mort au paradis d’Alberto Dines qui relate très précisément le séjour de Zweig au Brésil, à travers des textes et des photos.

Comment vous est venue l’idée de la forme du film ? 


Maria Schrader : Il fallait que ce soit un film sur l’exil raconté du point de vue de Zweig. Lui-même, dans son livre Les Très Riches Heures de l’humanité, illustre magistralement comment, dans de petites histoires, peut surgir quelque chose de transcendant. C’est ainsi qu’a germé l’idée de sélectionner six moments de la vie de Zweig que nous pourrions explorer dans leurs moindres détails, sans avoir à les replacer dans un lien de causalité.
Jan Schomburg : Il y a beaucoup de « biopics » que nous n’aimons pas, car ils tentent de résumer toute une vie dans un mélodrame. Ce qui nous a fait opter pour cette structure, c’est le discours tenu au congrès PEN de Buenos Aires par Emil Ludwig, autre écrivain exilé. Il nous a donné l’idée de structurer le récit en chapitres indépendants, de représenter des événements quasiment en temps réel. Nous voulions faire un film où il est possible d’écouter un discours en entier en ayant le temps de montrer les détails qui nous intéressent.


Le suicide des Zweig reste très controversé en dépit de sa lettre d’adieu. Comment comprenez-vous son geste ?


Maria Schrader : Dans le cas de Zweig, de nombreux facteurs ont pu y contribuer : la disparition de son pays, de sa patrie spirituelle, l’épuisement, l’isolement loin des intellectuels de son temps, les nouvelles terribles qui lui parvenaient d’Europe et l’idée, qu’après la guerre, il faudrait des dizaines d’années pour tout reconstruire.
Jan Schomburg : Il y a peut-être une autre raison. Stefan Zweig détestait les jugements à l’emporte-pièce et son génie créatif se nourrissait d’une passion pour l’être humain et les grandes idées. Or ce maître de la nuance s’est retrouvé soudainement dans un monde où tout était noir ou blanc et où toute subtilité avait disparu. Zweig qui, dans un premier temps, rejetait par-dessus tout les raccourcis et la violence verbale de ses adversaires fut contraint à un moment donné d’y avoir recours. Ainsi, bien que physiquement en sécurité à l’autre bout du monde, il est devenu une victime de l’idéologie fasciste.

Y a-t-il des aspects majeurs que vous avez découverts en faisant ce film ou qui vous sont apparus sous un autre jour ?


Maria Schrader : On pose un autre regard sur l’actualité. Par exemple, lorsqu’on lit le récit de la fuite de Friderike Zweig qui s’est retrouvée sur le quai de Marseille aux côtés de milliers de gens qui fuyaient la guerre et la persécution, on ne peut s’empêcher de regarder autrement ceux qui risquent leur vie actuellement, en cherchant, pour les mêmes raisons, à traverser la méditerranée.
Jan Schomburg : Notre regard est à la fois plus abstrait et plus concret. Plus abstrait, car on comprend que ces exodes ont toujours fait partie de l’histoire de l’humanité. Plus concret, car l’on peut s’identifier aux réfugiés. Le fait de vivre dans une région du monde que l’on n’a pas besoin de fuir ne relève que du hasard et de la chance.

Pourquoi avoir choisi Josef Hader dans le rôle de Zweig ?


Maria Schrader : Je voulais trouver un interprète autrichien pour jouer Zweig. Je tenais à ce que la langue maternelle de chaque comédien corresponde à celle du personnage historique qu’il interprète. À partir du moment où il a été question de Josef Hader, je n’ai plus pu imaginer qui que ce soit d’autre. J’aime sa manière de l’incarner. Il a dépassé toutes mes espérances. Ce choix peut surprendre, mais Josef est lui-même un auteur, un artiste qui exprime ses positions à travers ses textes. Lui aussi s’expose aux critiques et a une responsabilité en tant que personnalité publique, un statut qu’il partage avec Stefan Zweig. En outre, c’est un acteur formidable qui offre toute son intelligence, sa sensibilité et son exigence à celui qu’il interprète.

La photo est signée Wolfgang Thaler, récompensé pour de multiples documentaires et dont le style a marqué les films d’Ulrich Seidl. Au premier abord, ce choix peut sembler surprenant.


Maria Schrader : Pour ce film, je souhaitais que les images soient expressives et élégantes. Je voulais faire un film sensuel qui permette au spectateur de se plonger dans ces scènes, de ressentir la chaleur, la nature, l’odeur de cigarette, le cocon familial, mais aussi l’environnement extérieur sans que la caméra se fasse remarquer. Lorsque j’ai vu les documentaires de Wolfgang Thaler, notamment le début de Megacities  à Mumbai, je me suis demandé : « Comment fait-il pour réaliser un documentaire en donnant aux images une telle consistance et une telle force épique ? ». Wolfgang a un sens « chamanique » de l’image. Il n’a besoin de rien. Il se déplace avec sa caméra sur l’épaule comme si elle se trouvait sur des rails. Il ne cherche pas à transformer la réalité, mais à trouver une image où le cinéma surgit de la réalité. Il a été un atout majeur sur ce film.
Quelle place occupe Stefan Zweig encore aujourd’hui ?
Jan Schomburg : Lorsque nous avons commencé à travailler sur le projet, nous ne pensions pas que ce film aurait une telle résonance avec la situation politique actuelle. Il est évident que l’on établit un parallèle entre un Stefan Zweig exilé et les auteurs, artistes et intellectuels syriens, irakiens et afghans d’aujourd’hui contraints à quitter leur pays pour immigrer en Europe.
Maria Schrader : L’œuvre de Zweig est immortelle et si vaste qu’elle révèlera toujours de nouvelles facettes. Zweig s’est prononcé en faveur d’une Europe libre et humaniste, et on l’associe bien davantage à sa « patrie spirituelle » qu’à son lieu de naissance. Il avait en horreur le nationalisme. Il était un précurseur de l’Union Européenne. Il se considérait comme un citoyen du monde et souhaitait que tous les hommes puissent être des citoyens du monde.

Stefan Zweig, Adieu l’Europe est un film réalisé par Maria Schrader, qui sortira sur les écrans français le 10 août prochain

Dans ce film, la réalisatrice allemande revient sur l’exil de l’écrivain autrichien, qui devant fuir la montée du nazisme dans son pays, quitte définitivement le continent européen en 1936, après s’être d’abord réfugié à Londres en 1934.
Lors de cet exil, il passera par Rio de Janeiro, Buenos Aires, New York et Metropolis. Mais dans ses valises, l’écrivain porte le poids de l’Europe et du sort qui commence sévèrement à frapper les Juifs.

Rencontre avec la réalisatrice Maria Schrader et le scénariste Jan Schomburg


Comment vous êtes-vous intéressés à Stefan Zweig ?


Maria Schrader : En 2011, j’ai rencontré le producteur français Denis Poncet, malheureusement décédé depuis, auquel le film est dédié. Il avait vu Vie amoureuse et m’avait proposé de faire un film sur Stefan Zweig dont il appréciait l’œuvre et qui compte toujours parmi les auteurs les plus lus en France. Je me suis particulièrement intéressée aux dernières années de la vie de Stefan Zweig. On peut lire ce passage de sa biographie comme un récit allégorique de l’exil. Il avait échappé à la guerre, mais était hanté par elle. Il ne pouvait s’empêcher d’imaginer ce qui se passait à l’autre bout du monde. Cette empathie et cette sensibilité témoignent des qualités humaines qui ont contribué à sa gloire d’écrivain, mais causèrent sa perte.
Jan Schomburg : Nous trouvions formidable l’idée de réaliser un film sur l’Europe dont l’action se passe hors de l’Europe. Le dilemme insoutenable que vit Zweig nous a interpellés : comment peut-on s’accommoder d’une vie agréable, dans un paradis tropical, sans aucun souci d’argent, en sachant que pendant ce temps l’Europe sombre, et que ses amis et ses proches se font assassiner ?
Maria Schrader : Imaginer cet homme qui vit en permanence entre deux univers, dont les yeux regardent un paysage, mais qui au fond de lui en voit un autre totalement différent, cela fait naître plein d’images.

Comment avez-vous été amenés à travailler ensemble ?


Maria Schrader : Nous avions déjà collaboré sur Lena que Jan a réalisé. Je n’étais que comédienne mais nous avions beaucoup parlé du scénario, des scènes, nous nous comprenions très bien. J’ai demandé à Jan s’il avait envie de se lancer dans des recherches. Il y avait tant à explorer avant d’écrire la moindre phrase. Seul, aucun de nous n’aurait osé se lancer, mais ensemble c’était formidable.
 Il existe une vaste littérature autour de Stefan Zweig : ses écrits, et les récits de ses contemporains, ainsi que des travaux de recherches universitaires.

Comment avez-vous travaillé et qu’est-ce qui s’est avéré le plus utile pour l’écriture ?


Jan Schomburg : Au fil du temps, on devient aussi méticuleux qu’un détective et l’on veut toujours en savoir plus sur les périodes qui nous intéressent. Nous avons cherché longtemps le compte-rendu du congrès du PEN club qui s’est tenu à Buenos Aires en 1936. Nous avons contacté les universités, les bibliothèques et les PEN clubs du monde entier et finalement, nous avons trouvé une copie en espagnol, à la bibliothèque municipale de Berlin. C’était comme pénétrer dans le tombeau de Toutankhamon. Nous avons trouvé tous les textes que nous cherchions, notamment Mort au paradis d’Alberto Dines qui relate très précisément le séjour de Zweig au Brésil, à travers des textes et des photos.

Comment vous est venue l’idée de la forme du film ? 


Maria Schrader : Il fallait que ce soit un film sur l’exil raconté du point de vue de Zweig. Lui-même, dans son livre Les Très Riches Heures de l’humanité, illustre magistralement comment, dans de petites histoires, peut surgir quelque chose de transcendant. C’est ainsi qu’a germé l’idée de sélectionner six moments de la vie de Zweig que nous pourrions explorer dans leurs moindres détails, sans avoir à les replacer dans un lien de causalité.
Jan Schomburg : Il y a beaucoup de « biopics » que nous n’aimons pas, car ils tentent de résumer toute une vie dans un mélodrame. Ce qui nous a fait opter pour cette structure, c’est le discours tenu au congrès PEN de Buenos Aires par Emil Ludwig, autre écrivain exilé. Il nous a donné l’idée de structurer le récit en chapitres indépendants, de représenter des événements quasiment en temps réel. Nous voulions faire un film où il est possible d’écouter un discours en entier en ayant le temps de montrer les détails qui nous intéressent.


Le suicide des Zweig reste très controversé en dépit de sa lettre d’adieu. Comment comprenez-vous son geste ?


Maria Schrader : Dans le cas de Zweig, de nombreux facteurs ont pu y contribuer : la disparition de son pays, de sa patrie spirituelle, l’épuisement, l’isolement loin des intellectuels de son temps, les nouvelles terribles qui lui parvenaient d’Europe et l’idée, qu’après la guerre, il faudrait des dizaines d’années pour tout reconstruire.
Jan Schomburg : Il y a peut-être une autre raison. Stefan Zweig détestait les jugements à l’emporte-pièce et son génie créatif se nourrissait d’une passion pour l’être humain et les grandes idées. Or ce maître de la nuance s’est retrouvé soudainement dans un monde où tout était noir ou blanc et où toute subtilité avait disparu. Zweig qui, dans un premier temps, rejetait par-dessus tout les raccourcis et la violence verbale de ses adversaires fut contraint à un moment donné d’y avoir recours. Ainsi, bien que physiquement en sécurité à l’autre bout du monde, il est devenu une victime de l’idéologie fasciste.

Y a-t-il des aspects majeurs que vous avez découverts en faisant ce film ou qui vous sont apparus sous un autre jour ?


Maria Schrader : On pose un autre regard sur l’actualité. Par exemple, lorsqu’on lit le récit de la fuite de Friderike Zweig qui s’est retrouvée sur le quai de Marseille aux côtés de milliers de gens qui fuyaient la guerre et la persécution, on ne peut s’empêcher de regarder autrement ceux qui risquent leur vie actuellement, en cherchant, pour les mêmes raisons, à traverser la méditerranée.
Jan Schomburg : Notre regard est à la fois plus abstrait et plus concret. Plus abstrait, car on comprend que ces exodes ont toujours fait partie de l’histoire de l’humanité. Plus concret, car l’on peut s’identifier aux réfugiés. Le fait de vivre dans une région du monde que l’on n’a pas besoin de fuir ne relève que du hasard et de la chance.

Pourquoi avoir choisi Josef Hader dans le rôle de Zweig ?


Maria Schrader : Je voulais trouver un interprète autrichien pour jouer Zweig. Je tenais à ce que la langue maternelle de chaque comédien corresponde à celle du personnage historique qu’il interprète. À partir du moment où il a été question de Josef Hader, je n’ai plus pu imaginer qui que ce soit d’autre. J’aime sa manière de l’incarner. Il a dépassé toutes mes espérances. Ce choix peut surprendre, mais Josef est lui-même un auteur, un artiste qui exprime ses positions à travers ses textes. Lui aussi s’expose aux critiques et a une responsabilité en tant que personnalité publique, un statut qu’il partage avec Stefan Zweig. En outre, c’est un acteur formidable qui offre toute son intelligence, sa sensibilité et son exigence à celui qu’il interprète.

La photo est signée Wolfgang Thaler, récompensé pour de multiples documentaires et dont le style a marqué les films d’Ulrich Seidl. Au premier abord, ce choix peut sembler surprenant.


Maria Schrader : Pour ce film, je souhaitais que les images soient expressives et élégantes. Je voulais faire un film sensuel qui permette au spectateur de se plonger dans ces scènes, de ressentir la chaleur, la nature, l’odeur de cigarette, le cocon familial, mais aussi l’environnement extérieur sans que la caméra se fasse remarquer. Lorsque j’ai vu les documentaires de Wolfgang Thaler, notamment le début de Megacities  à Mumbai, je me suis demandé : « Comment fait-il pour réaliser un documentaire en donnant aux images une telle consistance et une telle force épique ? ». Wolfgang a un sens « chamanique » de l’image. Il n’a besoin de rien. Il se déplace avec sa caméra sur l’épaule comme si elle se trouvait sur des rails. Il ne cherche pas à transformer la réalité, mais à trouver une image où le cinéma surgit de la réalité. Il a été un atout majeur sur ce film.
Quelle place occupe Stefan Zweig encore aujourd’hui ?
Jan Schomburg : Lorsque nous avons commencé à travailler sur le projet, nous ne pensions pas que ce film aurait une telle résonance avec la situation politique actuelle. Il est évident que l’on établit un parallèle entre un Stefan Zweig exilé et les auteurs, artistes et intellectuels syriens, irakiens et afghans d’aujourd’hui contraints à quitter leur pays pour immigrer en Europe.
Maria Schrader : L’œuvre de Zweig est immortelle et si vaste qu’elle révèlera toujours de nouvelles facettes. Zweig s’est prononcé en faveur d’une Europe libre et humaniste, et on l’associe bien davantage à sa « patrie spirituelle » qu’à son lieu de naissance. Il avait en horreur le nationalisme. Il était un précurseur de l’Union Européenne. Il se considérait comme un citoyen du monde et souhaitait que tous les hommes puissent être des citoyens du monde.


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