Faire le parallèle avec le cinquième livre de madrigaux de Monteverdi (cf. note du 10 mars 2008) revient à comparer la lumière avec les ténèbres. Le caractère fantasque et morbide de Gesualdo apparaît très nettement dans son écriture madrigale et ce cinquième livre n'échappe pas à la règle. Toutefois, la grâce et l'élégance de l'interprétation de la Venexiana font que les dissonances et les chromatismes de ces pièces paraissent sublimées. La tension permanente de ces madrigaux demeure mais la pureté de la ligne que maintient l'ensemble vocal italien permet de nous faire entrer sans violence dans l'univers tourmenté du compositeur halluciné.
J'ai été en outre particulièrement marqué par l'Occhi del mio cor vita ainsi que le Languisce al fin.
Placée sous le signe d'une grande intériorité, cette belle version de la Venexiana, qui confirme sa maîtrise de l'art madrigal, nous fait entrer en douceur dans le monde tourmenté, imprevisible et génial de Gesualdo.
Je recommande cette version si vous désirez aborder l'univers complexe de ce compositeur atypique au maniérisme très marqué, avant d'aborder une partie plus marquée de son répertoire avec des versions plus crues et restituant plus nettement la violence des sentiments qui a inspiré son corpus de madrigaux.
Le disque est sorti il y a maintenant plus de deux ans. C'est à l'occasion d'une nouvelle écoute plus attentive que je me suis permis de faire cette note.
Lien vers le site de Glossa pour plus de détails sur le disque.
Gesualdo - Cinquième livre de madrigaux - La Venexiana - label Glossa.