Europe

Publié le 17 juin 2008 par Jfa

Mon chien est con. Pour lui faire avaler un médicament amer qu’il recracherait avec mépris si je le lui présentais seul, il suffit que je le mette dans une boulette de viande hachée, qu’il avale alors goulûment.

C’est un mécanique similaire quoiqu’inversée qui se déroule avec feu le Traité Constitutionnel, rebaptisé Traité de Lisbonne. Pour les uns, il contient des avancées vers une Europe politique (Oh, timides, ils en conviennent). Pour les autres, la déclaration des droits universels constitue une magnifique avancée. Pour d’autres… Reste que ces bijoux, un peu ternes à vrai dire, figurent au sein de 239 pages (..!) et quelques milliers d’autres si on y rajoute les annexes. Là, ce sont quelques pépites de viande hachée qui sont dissimulées au milieu d’une potion particulièrement amère.

C’est le même discours sur les mérites de la construction européenne: on nous cite Erasmus, les quotas de pêche et diverses réalisations de bon aloi, pour l’essentiel prises avant le virage thatchérien de la Commission au début des années 90. On va même jusqu’à prétendre qu’elle nous a évité de nouvelles guerres intra- européennes à partir d’un raisonnement très proche du syllogisme: 1- Il n’y a plus de guerres en Europe depuis la dernière, 2- La construction européenne s’effectue depuis la dernière guerre, 3- Donc la Communauté européenne nous a évité les guerres.

On tait soigneusement la Directive Bolkeinstein qui avait été adoptée avant d’être retirée précipitamment, référendum fraçais obligeant, la privatisation à la Thatcher des services publics (dont on a pu mesurer l’efficacité en Grande Bretagne), la libre circulation des capitaux au sein de l’Europe, mais aussi au dehors et l’indépendance de la Banque Centrale (deux choses que même les USA n’autorisent pas), l’interdiction des coopérations renforcées, …, j’en passe et des meilleures, sans parler, régulièrement, des mises en cause de tout ce qui peut permettre du profit aux financiers; les dernières en date étant les attaques contre les coopératives et la durée maximale du travail…

Et ces bons apôtres, adeptes du “Toujours plus de la même chose”, malgré le refus manifeste des populations, s’ingénient à chercher les moyens pour passer outre. La construction européenne s’effectue, depuis 2005, au détriment de la démocratie.

Pourquoi ? Parce qu’il y a du fric à faire et qu’il faut donc aller vite, très vite avant que les gens se rendent effectivement compte que le continent est devenu une machine à fric pour la finance internationale. Ce qui est malheureux, c’est que cette tragique mystification, cette mise en pièce de la démocratie, s’opère avec la participation active de la majorité du Parti Socialiste et des sociaux-démocrates européens.

D’où, peut-être, les piteux résultats électoraux de ces socialistes dans l’Europe entière…