Le chant du biloba, de Cornélia de Preux

Publié le 05 juillet 2016 par Francisrichard @francisrichard

Le gingko biloba. Il s'agit d'un arbre très spécial. Le gingko biloba existait déjà avant l'apparition des dinosaures. Et, comme je te l'ai déjà dit, il devient très, très vieux. Mieux, il ne meurt pas. Jamais de vieillesse en tout cas. C'est ce qu'explique Gretel à Tiwi, dans Le chant du biloba de Cornélia de Preux.

Groumma, Margarete Grimm, Gretel, occupe la chambre 63, de La Tourbière, un home où, tous les dimanches après-midi, la retrouve Tiwi, son arrière petite-fille de quinze ans.  Depuis la baie vitrée de cette chambre, elle a vue sur le parc, les épicéas bleus et le colossal gingko biloba tel que défini ci-dessus.

Tiwi est une boule métisse en leggings noirs qui se fond dans un chemisier blanc et une corolle de jupes mauves. Tiwi est une enfant adoptée. Elle ne connaît pas ses parents de peau. Ses parents de papier sont Jutta et John, qui l'aiment, certes, mais ne prennent pas beaucoup de temps pour être avec elle, week-end ou pas.

Tiwi est en vacances pour une semaine. Alors, plutôt que de passer une semaine seule à la maison, elle décide de partir, sans rien dire à ses parents, avec Lupesco et Gretel, l'un et l'autre étant supposés avoir eu l'accord de ses parents pour participer à un grand meeting de coccinelles et de bus VW.

Car Lupesco, Lupu, qui a gardé Tiwi quand elle était petite, a un bus VW, un modèle antédiluvien, un vieux clou lifté de tous les côtés, un minivan type 2 de 1950, qu'il a baptisé Cucarachita et qui ne dépare pas au milieu de tous ces véhicules VW des amateurs de la Coccinellomania, la grande parade automobile.

Evidemment les parents de papier de Tiwi n'étaient pas au courant de cette fugue en mode mineur. Pire, ils ne s'aperçoivent pas tout de suite qu'elle a disparu du logis familial, car, ils rentrent tous deux tard ce dimanche-là. Quand enfin ils s'en rendent compte, ils sont aux quatre cents coups.

En désespoir de cause Jutta et John s'adressent à la police pour la retrouver. Laquelle va suivre plusieurs pistes, tandis que le trio Gretel, Tiwi et Lupu, connaît bien des péripéties. L'histoire prend des allures de conte, mais pas tout à fait cependant, puisqu'elle ressemble quand même beaucoup à la vraie vie:

Dans les contes, les méchants sont méchants et les bons sont bons. Dans la vie, c'est moins simple. Tout n'est pas noir ou blanc, tout est mélangé, emberlificoté, empêtré.

En tout cas cette histoire-là aidera certainement Tiwi à grandir, par la grâce qu'y apporte son arrière-grand-mère. Cette histoire, avec sa chute, au dernier chapitre, qui porte le numéro 63, comme celui de la chambre de Gretel à La Tourbière, lui servira en effet, comme servent les contes aux couleurs de la vraie vie:

A croiser des gens différents, avec des comportements étranges, mais aussi, mais surtout à confronter les enfants avec les démons ordinaires. A leur faire regarder en face la folie, l'intolérance, l'oppression, le racisme, l'orgueil, la couardise. A apprivoiser la séparation, la maladie, la mort.

Francis Richard

Le chant du biloba, Cornélia de Preux, 216 pages, Plaisir de lire

Livre précédent chez le même éditeur:

L'aquarium, 152 pages (2012)