La question identitaire est dans l’air du temps, alors que la menace d’un terrorisme d’origine islamiste se fait de plus en plus présente. À droite, les deux principaux rivaux pour la primaire des républicains, Nicolas Sarkozy et Alain Juppé ne se privent pas d’évoquer le débat, avec des positions qui sont loin de s’accorder. Si Nicolas Sarkozy évoque la « tyrannie des minorités », Alain Juppé déclare refuser une vision des identités qui auraient pour conséquences l’exclusion et le « refus de l’autre ».
Alain Juppé se positionne sur la question de l’identité nationale
Pas question de laisser l’ancien président de la République s’octroyer le débat. Ainsi, quelques jours seulement après le discours pour le moins virulent de Sarkozy dans le nord, Alain Juppé a publié sur son blog une sorte de réponse idéologique : « Je refuse d’avoir l’identité malheureuse, frileuse, anxieuse, presque névrotique. Pour moi, identité ne rime pas avec exclusion ni refus de l’autre ». Il poursuit en parlant d’intégration et d’unité, alors que son rival parle d’assimilation : « Je veux faire rimer identité avec diversité et unité : respect de notre diversité, affirmation de notre unité ».
Une différence de point de vue et de sémantique qui n’est pas anodine à l’heure où la France, et donc les électeurs, sont en proie à de nombreuses interrogations vis-à-vis de la sécurité intérieure et mais aussi sur la cohabitation entre les différentes communautés, qu’elles soient religieuses ou culturelles. Un vivier pour l’extrême droite qui s’est positionnée depuis longtemps sur cette thématique. Nulle surprise donc que ce débat prenne une place centrale dans la vie politique et la primaire à droite.
Une position mitigée, mais pas déconnectée
Alain Juppé se défend de la naïveté que lui prêtent les partisans de Nicolas Sarkozy. Pour lui, « nous sommes divers, nous n’avons pas les mêmes origines, la même couleur de peau, la même religion ni les mêmes croyances. Cette diversité, qui remonte loin dans le temps, est une richesse, une force. Il ne faut pas chercher à l’effacer en prétendant nous couler tous dans le même moule ». Il poursuit en expliquant : « Naïveté, me dira-t-on… Ma longue expérience du terrain me protège de ce risque. Je sais bien que la France dont je rêve n’est pas la France d’aujourd’hui, pas toute la France d’aujourd’hui. Je vois la France qui doute, qui souffre, qui est en colère. Il faut apporter des réponses à ses légitimes attentes ».
Le candidat Juppé ne souhaite pas une interdiction du voile à l’université, ni même l’interdiction des repas de substitution dans les cantines, car il craint une « dérive détestable » incarnée par une « bascule » dans le communautarisme. Pour autant, il n’élude pas le débat et la nécessité de préserver une certaine identité précisant vouloir défendre « le patrimoine qui nous a été transmis, notre culture, notre langue ; ce sont nos racines, chrétiennes bien sûr ». Ne voulant se priver d’une partie de son électorat potentiel, il indique vouloir clarifier la question de l’Islam radical en exigeant que les Imams soient titulaires d’un diplôme, qu’ils prêchent en français. Concernant la radicalisation dans les prisons, Alain Juppé prône la création d’une police pénitentiaire et au final résume sa position en évoquant des « accommodements raisonnables ». Une expression qui ne manque pas de faire sourire les sarkozistes qui l’assimilent à l’idéologie dominante de la gauche.
La question de l’identité nationale est finalement en cœur du débat politique, comme celle de la sécurité des Français qui sont nombreux à s’interroger sur les mesures en vigueur et leur efficacité, surtout à la lumière des derniers événements qui accompagnent l’euro de football, particulièrement la présence du supporteur russe expulsé et revenu sur le territoire pour assister au match sans aucune difficulté.
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