La COP21 passée et oubliée, la lutte contre le réchauffement climatique a retrouvé sa place au dernier rang des préoccupations des grandes entreprises. Sauf quelques-unes d'entre elles, qui, à l'instar de Crédit Mutuel Arkéa, poursuivent dans une certaine discrétion leurs efforts en faveur de l'environnement, modestes mais résolument concrets.
La dernière initiative [PDF] en date du groupe breton vient en prolongement d'un partenariat de longue date (près de 3 ans !) avec la jeune pousse locale 450 et son concept de Compte CO2, destiné à convertir en euros sonnants et trébuchants les réductions d'émissions de gaz à effet de serre. Cette fois, c'est la filiale de crédit à la consommation Financo qui propose une solution de financement originale, permettant de rembourser une partie de l'emprunt grâce aux impacts positifs de l'investissement correspondant sur l'environnement.
Concrètement, une famille qui souhaite remplacer son système de chauffage par un appareil éco-responsable du spécialiste de la pompe à chaleur Amzair Industrie (brestois aussi, bien entendu) va d'abord s'inscrire sur le site du Compte CO2, puis solliciter un crédit auprès de Financo. Dès lors, les « économies » de gaz à effet de serre réalisées par l'installation (qui peuvent représenter plusieurs tonnes de CO2 par an), dûment comptabilisées par la startup, vont être affectées au paiement des mensualités.
L'ambition de 450 est de créer une véritable monnaie virtuelle pour les particuliers, basée sur les émissions de gaz à effet de serre et, ainsi, fondamentalement ancrée dans une logique de gestes pour l'environnement. Il s'agit, en quelque sorte, de transposer dans le quotidien de chaque citoyen le principe – abstrait et bien peu efficace (jusqu'à maintenant) – du marché carbone instauré par le protocole de Kyoto. En multipliant les usages de cette monnaie, il devient possible d'espérer une prise de conscience active, de proximité, qui manque singulièrement dans les discours et autres politiques globales.
Outre le bénéfice direct, pour ses clients, de l'acceptation des crédits de CO2 par Financo, la participation d'un établissement financier à l'écosystème offre une légitimité incomparable à la startup, qui devrait de la sorte convaincre plus facilement les ménages et les entreprises de se joindre à sa mission de sauvegarde de la planète. Je soupçonne que l'effort de la banque – financier, notamment – dans cette opération reste mesuré mais, en pratique, ce sont ses effets qui comptent, et ils peuvent être énormes…