Journées économiques d’Aix-En-Provence _ Rebrab : “La colocalisation permet la création de groupes compétitifs”

Publié le 05 juillet 2016 par Ouadayazid1

Selon Issad Rebrab, pour asseoir le développement et prétendre à la puissance, il est impératif d'avoir "une bonne gouvernance, une liberté d'entreprendre et d'investir, de la transparence et la liberté d'expression".
C'est quoi la puissance et comment l'asseoir ? Si cette question était posée au président du groupe Cevital, Issad Rebrab, sa réponse serait : "La puissance, c'est la capacité à développer une économie de la connaissance, c'est l'investissement dans une éducation de qualité pour l'émergence des talents, c'est l'investissement dans la recherche et le développement."


Intervenant hier matin dans un panel fort relevé intitulé "Quelle forme aura la puissance de demain ?" et composé notamment de François Villeroy de Gahlu (Banque de France), Mingpo Cai (Cathay Capital Private Equity, un important fonds d'investissement), Jean-Pierre Clamadieu (Solvay) et Guillaume Faury (Airbus Helicopters), au troisième et dernier jour des journées économiques d'Aix-en-Provence, le capitaine d'industrie algérien a expliqué que "tous les rêves sont permis", dès lors que ces éléments qui aident à la puissance sont satisfaits. Le président de Cevital, qui a eu la veille une activité intense, principalement des entretiens avec de hautes personnalités de l'économie et de la finance mondiales, à l'instar de la directrice du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a estimé, en outre, que c'est par le développement économique que l'on accède à la puissance et l'équation ne peut pas être inversée. "C'est avec la puissance technologique et financière que l'on accède au développement économique qui, à son tour, permet de prétendre à devenir une puissance régionale", a-t-il affirmé, non sans mettre l'accent sur les conditions sans lesquelles le développement n'est pas possible. Pour Issad Rebrab, pour asseoir le développement et prétendre à la puissance, il est impératif d'avoir "une bonne gouvernance, une liberté d'entreprendre et d'investir, de la transparence et la liberté d'expression". Si le Chinois Mingpo, patron d'un grand fonds d'investissement, a soumis à débat le concept de "puissance coopérative", Issad Rebrab a, lui, mis en exergue la réussite, exemples à l'appui, de ce qu'il appelle la "colocalisation", un concept qu'il distingue nettement de la "délocalisation". "Nous avons constaté qu'en reprenant, dans le cadre de la colocalisation, certaines entreprises en France qui avaient déposé leurs bilans, nous leur avons redonné vie mais également une plus forte croissance, grâce aussi à une coopération avec des entreprises basées en Algérie", a témoigné M. Rebrab, citant en exemple les entreprises OXXO, qui a été rénovée et qui dégage des bénéfices et a généré de nouveaux emplois, et l'usine Brandt, qui a repris l'exportation. "Sans les investissements créés en Algérie, on n'aurait pas pu sauver ces entreprises qui ont renoué avec la croissance et l'emploi", a-t-il encore souligné, ajoutant qu'"en joignant les avantages comparatifs en France et les avantages comparatifs en Algérie, on a recréé de grands groupes très compétitifs au niveau mondial".

Une performance singulière du groupe Cevital, au regard de l'environnement défavorable dans lequel elle a été réalisée. Car, faut-il encore le rappeler, les activités du groupe en Algérie font face à moult obstructions de la part des autorités politiques et du gouvernement.

Des autorités qui sont allées jusqu'à interdire à son président la participation aux forums économiques, alors qu'il reste le plus grand investisseur privé du pays, le second contributeur après la compagnie pétrolière Sonatrach. La dernière exclusion dont Rebrab a fait l'objet remonte au printemps dernier, lorsqu'on lui a interdit de prendre part au forum algéro-britannique, un forum que le groupe Cevital avait pourtant sponsorisé.

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