La Banque européenne d'investissement (BEI) prévoit d'investir 150 millions d'euros dans les trois prochaines années, dont 50 millions d'euros émanant directement de la Commission européenne, afin de soutenir l'emploi privé au sud de la Méditerranée.
L'aide de la BEI concerne prioritairement l'Algérie, le Maroc, la Tunisie, l'Egypte, la Jordanie, le Liban et la Palestine. Le lancement de l'aide se fera en Egypte. En effet, la première opération concrète sera signée en septembre 2016, il s'agira d'un fonds égyptien. D'autres projets, portant notamment sur des fonds nationaux mais aussi des fonds multi-pays, sectoriels ou généralistes, sont également prévus. En détaillant la destination de l'aide, la BEI ne donne pas de précisions sur les montants à dégager par pays.
"Nous misons notamment sur l'effet catalyseur que génère notre action", commente Christian Lopez-Baillo, directeur des placements de la BEI. "Ainsi, chaque euro investi par la BEI génère six euros additionnels". "Un réel atout pour des sociétés qui recherchent des financements solides et pérennes pour développer de l'emploi", indique le communiqué adressé à notre rédaction annonçant cette aide. Une aide jugée cruciale pour les PME de la région, où le chômage est de plus en plus important et où les attentes en matière de formation, d'insertion professionnelle sont nombreuses en raison notamment de la pression démographique.
La Banque explique d'ailleurs la colère sociale dans ces pays par l'explosion du chômage. "L'origine des révolutions arabes est avant tout sociale. La jeunesse manque de perspectives. Réduire le chômage et développer l'emploi constituent donc des impératifs cruciaux". En dépit de ces besoins, la BEI rappelle que les banques préfèrent financer les institutions ou les grandes entreprises plutôt que les PME, jugeant leurs projets trop risqués C'est ce que note Christian Lopez-Baillo.
D'où le cap sur l'appui aux PME. Dans ce cadre, l'intervention de la BEI se fera directement auprès des fonds de capital-investissement, de capital-risque ainsi que des institutions de micro-finance. Le mécanisme en question se décline en trois actions. La BEI abonde des fonds de capital-investissement, prenant ainsi des participations dans le capital de PME. Afin de soutenir leur action et de pallier leur manque d'accès aux capitaux internationaux, les sociétés financières locales de taille modeste sont également concernées.
Par ailleurs, la BEI investit et prête des fonds aux institutions de micro finance, par exemple aux sociétés d'investissement en micro-finance. Les banques, les coopératives de crédit ou les autres intermédiaires qui bénéficieront de cet apport devront le consacrer au développement des plus petites entreprises, ainsi qu'aux projets des particuliers à faibles revenus. Il reste maintenant à savoir quelle sera l'ampleur d'un tel projet en Algérie, où les perspectives en termes de création d'emplois s'annoncent moroses en raison de la crise induite par la baisse des ressources financières.
Si, avant le gouvernement se permettait de débloquer des budgets via les différents dispositifs d'aide à la création d'emplois, ce n'est pas le cas aujourd'hui. Mais pourvu que les aides des institutions financières internationales aux PME soient mises à profit pour absorber les demandeurs d'emplois. A titre indicatif, la BEI qui est le principal partenaire financier de la région méditerranéenne a déjà prêté 7,8 milliards d'euros à des pays non européens dont 1,4 milliard aux pays méditerranéens. La Facilité euro méditerranéenne d'investissement et de partenariat (Femip) est son bras financier dans la région.
La Femip, qui rassemble l'ensemble des interventions de la BEI à l'appui du développement socioéconomique des pays partenaires méditerranéens dont l'Algérie, soutient la croissance et la création d'emplois dans deux domaines prioritaires avec l'appui au secteur privé et les micro entreprises Au total, en 2015, les investissements de la BEI ont permis de soutenir 80 000 personnes et de générer 900 postes additionnels. Quant à la micro-finance, elle profite aujourd'hui à près d'un million de bénéficiaires, dont la moitié sont des femmes, selon Christian Lopez-Baillo.
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