Lors de sa dernière sortie drôlatique, à l’occasion d’une émission prétendûment nouvelle, mais si incolore et inodore qu’elle ne sert à rien ¹, Valls a continué de diffuser ses éléments de langage bien rodés dans un impeccable festival de langue de bois où rien ne dépassait. Il a pu ainsi sortir comme énormités qu’il n’était pas quelqu’un d’arrogant, que c’était un homme de dialogue, et autre contre-vérités que la réalité dément chaque jour. Même un syndicaliste aussi rompu aux luttes sociales que JC Mailly, de FO, a déclaré qu’il n’avait jamais vu une mobilisation sociale aussi longue et déterminée. L’entêtement du premier ministre, aveuglé par son idéologie si personnelle que si peu de gens partagent à gauche, même au PS, n’y est pas pour peu de choses… Cela n’empêche pourtant pas Valls de prétendre sans vaciller que les opposants à la loi travail sont minoritaires, que c’est une bonne loi, qu’elle améliorera le quotidien des travailleurs alors que chacun sait pour avoir eu le temps depuis de s’être informé sur le contenu de cette loi que c’est faux. Il faudrait, à l’heure d’internet, où il est si facile de s’informer, que ces gens là arrêtent de nous faire le coup du mépris. Cela ne fait que renforcer notre détermination. Et pour illustrer à quel point ce si petit premier ministre là est hors réalité, voilà qu’un événement vient contredire sa belle assurance, tout en démontrant à quel point il est terriblement isolé et n’a plus d’autre choix que de se réfugier dans une position aussi martiale. 123 députés PS viennent de co-signer un amendement d’Olivier Faure, Kader Arif, et Marie-Arlette Carlotti prévoyant de maintenir à 25% le taux de majoration des heures supplémentaires. Ils n’ont pourtant rien de dangereux gauchistes comme votre humble serviteur puisqu’on y trouve même des soutiens de Macron, c’est dire. Ils estiment (à tort selon moi) que cela pourrait constituer un déclencheur décisif pour débloquer la situation. Cela ne ferait pourtant que corriger une injustice puisque le gouvernement a déjà accordé cette disposition aux routiers (sous la pression de leur mobilisation, il n’est pas inutile de le rappeler). Et donc, il disait quoi, déjà, le petit premier ministre psycho-rigide, l’un des plus bêtement obstinés que je n’ai jamais vu ? Mais cela ne me suffit pas. Car l’article 2 de cette loi, qui vise à créer une législation du travail à géométrie variable en fonction de son employeur, est toujours là. Mais cet amendement va dans le bon sens. Le gouvernement se paiera-t-il le luxe de braver y compris sa propre majorité ? Voilà qui ferait tache, quand on ne cesse de brocarder ses adversaires de gauche sous prétexte d’anti-démocratie, tout en se révélant soi même si peu soucieux de l’avis de la plupart. A force de se comporter comme un forcené dans un camp retranché, Valls est en train d ‘abîmer dangereusement ce qu’il nous reste de démocratie…
¹ La preuve en est qu’elle a déjà fait un bide avec Juppé. Ce n’est pas Valls qui va l’améliorer, en y apportant si peu de contenu, campant si médiocrement sur ses positions déjà tristement connues.