Vous qui voyagez derrière pour de sombres considérations pécuniaires, arrêtez ! La classe affaire est indispensable pour toutdéplacement professionnel et très fortement conseillée pour les déplacements de loisir.
Bien sûr vous vous dites que la différence de prix n’est pas justifiée si c’est simplement pour avoir un peu plus à manger et un peu plus de place pour les jambes. Je répondrai à cela que, premièrement, c’est généralement votre patron qui paye et, deuxièmement, la business class ce n’est pas que ça.
Certes vous avez beaucoup plus de place – et pas seulement pour les jambes. Du coup vous mangez mieux non seulement parce que vous avez droit à de véritables plats et à des vins dignes de ce nom, mais également parce que la place supplémentaire permet de manger des plats nécessitant de l’espace. Essayez de manger des écrevisses en Eco sans planter une pince dans l’œil de votre voisin ou tout simplement de couper un tournedos dans les 20cm3 qui vous sont attribués avec un couteau qui ne coupe d’ailleurs pas puisqu’il est en plastique.
Pas de ça en Business !Vous pouvez dîner allongé et maculer votre chemise de sauce aux champignons sans effrayer votre voisin de droite qui préfère faire ses propres tâches sur son propre pantalon mais avec sa propre sauce.
Certes vous pouvez vous allonger complètement et même faire les fous sur votre siège – dans les limites de la bienséance, vous êtes en Business, quand même - sans que les voisins de devant ou de derrière ne s’en rende compte.
Mais le vrai plus est que vous êtes le roi du monde !On vous traite comme si vous aviez vraiment du fric dès l’arrivée au comptoir. Vous ne faites pas la queue avec le peuple mais vous passez par la file d’attente dédiée. Quand vous avez votre carte d’embarquement, vous allez au « salon Affaires ». Là, il n’y a pas un seul pauvre ou du moins ceux qui y sont se prennent – comme vous – pour des riches et se font discrets. Pas de gamins qui se poursuivent en hurlant en qui bousculent votre copie de Vuitton, pas de retraités qui se racontent leurs vacances de pauvres ( qu’il ont d’ailleurs passées ensemble mais ils ont déjà oublié) le plus fort possible pour que l’assistance entende bien et en posant les 200 bagages cabine du groupe juste devant le fauteuil que vous avez eu tant de mal à trouver dans la salle d’attente bondée. Le salon business est un univers feutré dans lequel on murmure, on chuchote, au pire on pouffe. Le top de la classe étant de se parler par SMS ou, mieux, par Twitter ou MSN puisque la Wifi commence à arriver partout.
Une fois dans l’avion, c’est encore plus beau. Les hôtesses sont souriantes et jolies. Pas forcément plus belles que « derrière » mais on sent l’expérience et la classe sélectionnées rien que pour vous ! Et puis, on les voit beaucoup mieux puisqu’il y a plus de place entre les sièges et qu’elles passent plus de temps pour vous servir à table que pour jeter les 350 plateaux repas des 350 passagers de derrière.
Bien sûr les films choisis pour ne heurter aucune sensibilité ne vous plaisentpas plus devant que quand vous étiez derrière, mais au moins vous les voyez sur votre propre écran.
Bien sûr, votre voisin ronfle, comme derrière, mais quand il vous souffle ses relents de champagne, il n’a pas la tête sur votre épaule. Et le champagne, ça pue moins que la Heineken.
Bien sûr, votre voisin est un porc (ça n’a rien à voir avec la Business ou l’Eco) mais les 12 journaux à peine feuilletés et jetés en vrac par terre ne vous dérangent pas puisqu’ils sont dans son propre box.
Bien sûr, votre voisin pète pendant le trajet mais d’une part il ne commente pas son pet pour ses copains en prenant l’hôtesse à témoin et, d’autre part, il sent moins mauvais parce que vous ne dormez pas à 25 cm de l’objet du délit.
Bien sûr, votre voisin abuse de l’alcool puisqu’il est servi à discrétion, mais la plus forte dose consommée associée au confort du siège couchette lui permettent de s’endormir comme un bébé au lieu de passer son vin mauvais et sa mauvaise humeur sur vos enfants qui font trop de bruit et sur votre beau père qui prend tout l’accoudoir sous prétexte qu’il pèse 142 Kg. En business, pour prendre l’accoudoir du voisin, il faut s’allonger dans le mauvais sens !
A l’arrivée vous revenez au monde de pauvres que vous connaissez mais vous y revenez reposé.
Alors, la prochaine fois que votre patron vous envoie dans la bétaillère pour une réunion de quatre heures à 3000 Km de chez vous, dites « Non à l’Eco ! La Business ou rien »
Je ne suis bien sûr pas responsable des licenciements ou sanction disciplinaires qui pourraient découler de l’utilisation incontrôlée de ce slogan !
Au passage, vous récupérerez des miles pour vos prochaines vacances, miles que vous pourrez échanger contre un surclassement au lieu de vous contentez de les gaspiller, comme tous les pauvres, en les échangeant contre un aller-retour pour Djerba.
En plus, bonne nouvelle, vous ne polluerez pas plus en Business qu’en Eco. Pour une fois que vous pouvez prendre un moyen de transport de riche sans arrière pensée, c’est assez rare pour être signalé !
Un jour, peut être, je vous expliquerai pourquoi il vaut encore mieux partir en première classe.