L’écologie est à la mode et tout le monde y va de son refrain verdissant. Loin de moi l’idée de contester les constats actuels : l’homme asphyxie la planète et nous allons droit vers une période sombre pour l’humanité. Le manque d’eau potable, le manque d’énergie bon marché, le manque de place, le manque de nourriture nous guettent non pas demain mais dans quelques millièmes de secondes à l’échelle de l’humanité. La terre telle qu’on la connaît depuis pas mal de temps maintenant va probablement être bouleversée autant pour nous que pour les autres êtres vivant sur cette planète.
Mais c’est justement la « thèse » de mon billet d’aujourd’hui : La plupart de nos concitoyen ne bougeraient pas un cil si 50% des espèces animales disparaissaient demain matin. Les plus écolos se plaindraient de devoir annuler leur safari au Kenya faute de spectacle intéressant ou de ne plus pouvoir larguer leurs enfants au Zoo avec l’école le mercredi après midi (« Et qu’est-ce que je vais en faire maintenant moi du gosse, les RTT c’est pas fait pour promener les enfants, quand même ! »). Plus sérieusement, allez demander aux autochtones ce qu’ils pensent de la disparition des tigres qui dévorent leurs trois vaches (mais c’est tout ce qu’ils ont), des éléphants qui dévorent leurs récoltes (qui ne sont pas transgéniques et suffisent à peine à nourrir la famille) ou des crocodiles qui dévorent leurs enfants (ben, qui sont leurs enfants, quand même).
Si 50% des espèces végétales disparaissaient, une bonne part de nos frères humains seraient même plutôt contents : moins de choix chez les fleuristes (« Je me rappelle jamais le langage des fleurs, les chrysanthèmes c’est bien pour dire je t’aime non ? »), le PVC à la place du bois c’est finalement pas si moche, moins de travail dans le jardin au printemps (« De toute façon moi j’ai une débroussailleuse et je coupe tout ce qui dépasse »)
Il faut donc arrêter de nous dire que ce que nous faisons dépeuple les forêts amazoniennes de ses jolies fleures multicolores et que la pollution industrielle a un effet dévastateur sur les belugas du Saint-Laurent. Ca fait pleurer tout le monde mais ce n’est que du sentimentalisme qui ne déclenche rien de vital dans le tréfonds de notre cervelet d’ex amphibien.
La réalité, c’est que la terre n’a jamais été aussi généreuse qu’on veut bien nous le dire : on ne peut pas vivre dans la mer, on ne peut pas vivre dans les montagnes si elles dépassent quelques centaines de mètres, on ne peut pas vivre dans les déserts, on ne peut pas vivre dans les forêts trop denses, on ne peut pas vivre sur les terres gelées des pôles … Je ne connais pas le chiffre exact mais si on démarre avec les 70% d’océans, on arrive vite à 85% de surface inutilisable. Il ne reste finalement pas grand-chose et même si on compte les terres gagnées sur la nature par l’incommensurable intelligence humaine (déforestation, remblai sur la mer etc..) la terre n’est pas si hospitalière que ce que nous décrivent depuis des milliers d'années la littérature et les reportages de ce bon commandant Cousteau. Et quelques changements climatiques peuvent diminuer largement ces quelques zones habitables. Le réchauffement ne se traduira pas seulement par un été qui dure plus longtemps et l’ouverture de plages à Grasse, à Bordeaux et à Rome. La déforestation (par exemple pour faire des bio carburants) ne se limite pas à une pénurie de bois de cheminée (« On s’en fout il fera plus chaud, on chauffera moins ! ») ou à la disparition de quelques espèces de batraciens que personne n’a encore découvert. Bon, d'accord, le chiffre officiel est de 7000 espèces menacées par la déforestation, mais on n’est pas à ça près !
De plus, la nature (ou Dieu, pour les autres) se fout royalement des papillons, des petits faons et des ornithorynques. Il n’y en aura probablement plus aucun dans 200 millions d’années même sans l’aide de l’homme (bon, les ornithorynques peut être, parce qu’ils ont plutôt bien résisté par le passé) Même si toutes les espèce actuelle disparaissent, elles seront remplacées par d’autres et une nouvelle terre repartira de plus belle … mais sans nous !
La moralité de cette histoire est bien là : arrêtons de noyer le poisson avec les effets de l’homme sur la nature elle-même et mettons plutôt en avant le fait que l’homme est en train de détruire non pas la terre mais une version habitable de la terre. Et comme on n’a pas encore trouvé le moyen d’aller polluer d’autres planètes, il vaudrait mieux qu’on économise un peu celle là parce que quand ça va commencer, les conflits actuels vont paraître bien localisés par rapport à la bagarre mondiale pour se partager "équitablement" le peu de ressources restantes.
Et la menace d'une bonne guerre là, chez nous, avec nos propres enfants, ça nous réveille enfin quelque chose dans notre cervelet d'ex amphibien !