{Ciné} La tortue rouge et La loi de la jungle

À travers l'histoire d'un naufragé sur une île déserte tropicale peuplée de tortues, de crabes et d'oiseaux, La Tortue rouge raconte les grandes étapes de la vie d'un être humain. Marc Châtaigne, stagiaire au Ministère de la Norme, est envoyé en Guyane pour la mise aux normes européennes du chantier GUYANEIGE : première piste de ski indoor d'Amazonie destinée à relancer le tourisme en Guyane. De mésaventure en mésaventure, on lui affuble un coéquipier. Pas de chance c'est une pin-up. Pire : elle a du caractère.

9 ans, il aura fallu 9 ans au réalisateur pour réussir à produire cette petite merveille qui a obtenu le Prix Spécial Un Certain Regard du 69ème Festival de Cannes. La Tortue rouge a été cosigné par les prestigieux studios d'animation japonaise Ghibli. C'est la première fois que Ghibli collabore avec un artiste extérieur au studio, a fortiori étranger. C'est à leur initiative qu'a eu lieu ce partenariat, après avoir envoyé un mail en 2006 à Michael Dudok de Wit. 9 ans plus tard le long métrage est enfin sur les écrans.
C'est un film d'une grande tendresse, visuellement époustouflant, savant mélange de numérique et d'artisanal. Un crayon numérique a ainsi été utilisé pour le radeau et les tortues ; les décors ont quant à eux été réalisés au fusain, apportant une texture granuleuse à l'image.
La scène d'ouverture emmène le spectateur dans un naufrage, le bruit assourdissant des vagues, les couleurs grisâtre d'une mer déchaînée. Un homme tente de survivre. On ne sait ni d'où il vient, ni qui il est. Seul un petit morceau de bois semble le rattacher à une vie terrestre.
Il échoue alors sur une île déserte. Seul face à l'immensité de l'océan. L'île n'est pas inhospitalière, une immense forêt de bambou s'y trouve, une source d'eau claire, des arbres fruitiers, des crabes amicaux... pourtant comme n'importe quelle âme dans cette situation, l'homme cherche à regagner sa terre. A force de courage il construit radeaux sur radeaux, mais chaque fois, quelque chose le fait chavirer. Quelque chose ou quelqu'un... toujours au même endroit, toujours au même moment... s'ensuit une rencontre, la colère puis la vie...
Tout cela se passe sans aucune parole. Le film est totalement muet, ou presque. Une musique superbe illustre les moments de gravité ou d'émotions, les personnages poussent des cris, des souffles, des petits rires, mais ne parlent pas. Ils sont intemporels, peu importe d'où ils viennent qui ils sont, ils sont tels Adam et Eve dans le jardin d'Eden, ils nous représentent nous tous dans tout ce que nous avons d'universel.
La rencontre de l'homme avec la tortue rouge puis tout ce qui va s'en suivre retrace de manière poétique et notre vie à tous, jusqu'à la fin, inéluctable et tellement naturelle. Une vie faite de grands bonheurs, de simplicité, de tempêtes aussi et d'amour comme fil conducteur sans lequel aucun être humain ne peut réellement survivre.
C'est un conte magnifique d'une grande beauté visuelle et narrative, qui séduira les petits comme les grands, qui nous parle à tous, laisse songeur, rêveur, et qui nous montre au final que la vie est bien plus simple que l'on ne le croit trop souvent. Un film doudou à voir et à revoir.

C'est poussée par de très bonnes critiques lues et entendues ci et là que je me suis décidée à aller voir ce film et c'est avec un avis quelque peu mitigé que j'en suis ressortie.
La Loi de la jungle a été tourné en grande partie en Guyane, dans des conditions assez éprouvantes pour les acteurs et cela se voit dans le film. Même si le duo Vimala Pons/Vincet Macaigne fonctionne à merveille (et c'est là toute la force du film) on se rend très vite compte qu'ils ont dû en baver ! La moiteur n'est pas là pour faire croire qu'il fait chaud, les peaux transpirent, respirent sans parler des animaux en tout genre qui suivent les aventures de ce couple atypique. Le réalisateur a voulu faire de de la jungle une allégorie du monde moderne. Une façon aussi de dénoncer l'aberration de territoriale faisant de cette ancienne colonie un territoire français malgré sa situation géographique très éloignée. Il dit d'ailleurs " Cela permet de parler de la France tout en étant loin, très loin de la capitale. Le sujet du film est celui des normes européennes transposées hors d'Europe : que se passe-t-il lorsqu'on tente d'appliquer des normes dans un territoire pour lequel elles n'ont pas été conçues ? Quand je parle de territoire, il s'agit aussi de territoire intellectuel. " Le hic c'est que cela devient vite assez lourd et la caricature prend le dessous pour devenir à la limite du grotesque.
C'est une comédie complètement barrée dans laquelle peu de choses sont à prendre au sérieux mais dont le constat (sur l'Etat français et ses aberrations...) n'est pas totalement inintéressant. J'ai beaucoup aimé les deux acteurs principaux qui se donnent à fond dans le film tout en restant crédibles malgré la folie ambiante. On les croirait tous les deux tombés d'une bande dessinée.
Du burlesque sur fond de politique un poil foutraque vers la fin.

Et vous, quels sont les derniers films que vous avez vus au ciné ou quels sont ceux qui vous tente ?