Si Airboy est un véritable super-héros, apparu en 1942 dans les pages d’Air Fighters Comics et brièvement entraperçu dans la saga « Top Ten : The Forty Niners » d’Alan Moore et Gene Ha, James Robinson opte pour une approche narrative assez originale. Le scénariste de « Starman » choisit en effet de se mettre en scène, en compagnie de son dessinateur Greg Hinkle.
Le récit débute ainsi sur la toilette de James Robinson, au moment où il reçoit un appel du directeur de publication d’Image Comics, lui demandant de relancer les aventures d’Airboy. En mal d’inspiration, il contacte son dessinateur pour une séance de brainstorming qui dégénère vite en beuverie, accompagnée de consommation abondante de stupéfiants et de sexe…
Cette approche qui plonge le lecteur dans le quotidien des auteurs permet d’opposer l’univers de cet aviateur qui affronte une armée nazie durant la seconde guerre mondiale à la réalité décadente de notre époque. Si le décalage entre ces deux mondes permet de pointer du doigt les dérives de notre époque, l’auteur utilise surtout cette approche pour aborder des sujets plus personnels, liés à sa profession ou à sa vie privé. De son angoisse de la page blanche qui l’empêche d’avoir la moindre idée concernant le reboot d’Airboy à ses problèmes de couple, en passant par une critique des grosses maisons d’édition, il propose une vision cynique du monde de la création ainsi qu’un auto-portrait peu reluisant de lui-même, malgré une bonne dose d’humour et d’autodérision.
Visuellement, le dessin à la fois réaliste et cartoony de Greg Hinkle s’avère particulièrement efficace, que ce soit lors des trips hallucinogènes des auteurs ou dans l’univers plutôt Mignolesque d’Airboy. C’est en fait au niveau du scénario que j’ai moins accroché à cet album. Je trouve que l’auteur exagère de trop dans le portrait qu’il dresse de lui-même, transformant l’ensemble en un trip frôlant régulièrement l’égocentrisme et souvent trop trash, même s’il parvient à exprimer le mal-être d’un auteur en perte de créativité. Je ne suis en plus pas fan de ces récits, genre « Last Action Hero », qui s’amusent à placer un personnage de fiction dans un monde réel ou inversement.
Bref, dans le genre, j’aurais plutôt tendance à vous conseiller l’excellent « C’est un Oiseau » de Steven T. Seagle.