Bonne raison n°3 : la fête de printemps de la Jurade
Dans des temps médiévaux, alors que l’Aquitaine frayait de bon cœur avec l’Anglais, certaines bourgades avaient reçu quelques privilèges leur permettant d’avoir une sorte de conseil municipal, exclusivement masculin on s’en doute : à
Saint-Emilion, ce furent les Jurats. Tombé en désuétude, la Jurade fut remise au goût du jour il y a pile soixante ans cette année, et est aujourd’hui mixte (même si les hommes sont quand même largement majoritaires).En juin et en septembre, de rouge et d’hermine vêtus, les jurats défilent dans la ville. Lors de la fête de printemps, qui a eu lieu dimanche dernier, les nouveaux membres ont été intronisés de manière plutôt religieuse : une bonne grosse messe en entrée, puis la cérémonie d’intronisation proprement dite où se retrouve le gratin du coin, dans l’immense nef de l’église monolithe, chaque déplacement d’un lieu de la ville à un autre étant précédé de joueurs de fifres et de tambours.
En fin de journée, les jurats montent en haut du donjon appelé Tour du Roy, et le jugement du vin nouveau est proclamé : “mes chers amis, le cru 2007 est une vrai piquette, qu’on se le dise”. Sans rire ? Mais non, on le proclame excellent, ce vin nouveau, forcément excellent. Et ça se finit par un couplet un chouia religieux : à trois reprise, le premier jurat clame “Saint-Emilion, alléluia !”. Par chance, la foule n’a pas repris le cri, sinon on se serait cru en plein délire évangéliste. Puis des colombes ou des pigeons furent lachés, trop rapides et trop loin pour ma boite à images. C’est assez bon enfant, moins solennel que je l’imaginais tant les jurats papotent et se marrent en marchant. A quoi ça sert tout ça ? a se déguiser en père Noël en juin ? quand même pas … Les jurats ont une vraie mission, assez chronophage en plus d’être honorifique, car ils œuvrent à la promotion des vins de Saint-Emilion dans le monde entier. Qui fait quoi dans cette institution ? je l’ignore, mais il est clair qu’il y a une hiérarchie. Il faudra que je me documente avant l’automne, époque du ban des vendanges.