Je suis assis sur une terrasse dans l'ombre des arènes de Nîmes. Quatre Québécois viennent bruyamment s'installer à la table voisine. Au bout de quelques instants, je leur souhaite la bienvenue dans le sud de la France. Présentations, éclats de rire, etc. Une famille de Blainvillois. Nous sympathisons. Soudain, je fais :
— Ah!… Alors, vous êtes là depuis quelques semaines? Sans Internet? Olalahhh... vous êtes bien assis ?
—Voyons donc quesse-c'est ça? Fais-nous pas peur, là…
—Vous savez pas la nouvelle...
— Ayoye, de quessé?
— Un tremblement de terre?
— Une attaque terrorissse?
— Couillard est mort?
— Pire, compatriotes, oohhh. Bien pire.
Ils écarquillent les yeux grands comme des trent'sous.
— Y ont échangé Subban.
— Tabarnak!
— Colisse!
— Voyons, donc, là… Sacrament!
Juste à cet instant, surgit le serveur qui, entendant le tonitruant concert de gémissements, se fend d'un grand sourire :
— Aaah! Tabernacle! Des Québékwé! Je suis toujours content de rencontrer des Québékwé!… Nous, les Français, on vous adore, entre autres parce que vous êtes toujours souriants, joyeux… de bonne humeur!
Nous le regardons en silence. Il s'avise de nos têtes d'enterrement. J'explique :
— Ça, monsieur, c'était avant qu'y z'échangent Subban.