C’est bizarre, je ne vous reconnais pas.
Tant il fait nuit je ne vois plus votre visageEn dépit dans vos yeux de cette lumière
De diverses couleurs si loin là-bas.
Je comprends que vous tous, vous n’êtes plus
Auprès de moi qu’une seule présence,
À qui tendre la coupe, je ne sais
Ni ne le veux, je la pose, un instant.
Apercevant vos mains,
Je les touche des miennes, c’est suffisance.
Ou relisons Bonnefoy, d'autant plus à portée d'yeux que de nombreux textes ont été réédités au format de poche, ainsi ce volume de la collection Poésie/Gallimard, sobrement intitulé Poèmes, et qui reprend quatre titres majeurs: Du mouvement et de l'immobilité de Douve, Hier régnant désert, Pierre écrite et Dans le leurre du seuil. Douve parle:
Quelquefois, disais-tu, errante à l’aube
Sur des chemins noircis,Je partageais l’hypnose de la pierre,
J’étais aveugle comme elle.
Or est venu ce vent par quoi mes comédies
Se sont élucidées en l’acte de mourir.
Je désirais l’été,
Un furieux été pour assécher mes larmes,Or est venu ce froid qui grandit dans mes membres,
Et je fus éveillée et je souffris.